dimanche 24 août 2014

Divorcés, ils se sont remariés

Ils se sont rencontrés... ils se sont aimés... ils ont voulu se marier. Et là ça coince un peu car ils sont tous les deux divorcés. Se remarier à la mairie, ça va encore, mais pour ce qui est du "passage" à l'église c'est beaucoup plus compliqué, même impossible... enfin à voir...


Le remariage des divorcés est une question difficile et douloureuse dans l'église catholique. Pour faire court tout le monde sait qu'ils n'ont pas droit à un nouveau sacrement et ils vivent cela comme un rejet et un échec supplémentaire à ce qu'il perçoivent déjà comme un échec de leur couple. Cela occasionne moult critiques vis-à-vis de l’Église et beaucoup de souffrance.

Micheline et Denis sont de ceux-là et ils ont fait le pas, hier, en s'engageant l'un envers l'autre dans le mariage. Mariage civil. Mais au nom de leur foi ils souhaitaient inscrire cet engagement dans leur chemin de foi. Leur chemin ensemble depuis une bonne dizaine d'années est un chemin douloureux de recherche entre rejet, culpabilisation, révolte contre la position de l’Église en même temps que confiance en une possible évolution. Chemin cahoteux et confiant tout à la fois. Chemin de rencontres, d'ouverture, de dialogue, de remise en cause.

Alors samedi ils ont voulu qu'on prie avec eux et pour eux avant d'aller à la mairie.
Soyons clairs. Ce n'était pas une messe ni même une bénédiction comme on l'entend pour des célébrations de mariage, il n'y a pas eu de sacrement. Mais on a prié ensemble avec un prêtre et une belle assemblée d'amis. Des chants, un beau texte de Martin Gray, un passage d'évangile, une prière universelle, un Notre Père. Les mariés dans leur mot d'accueil, puis le prêtre dans son homélie ont bien situé la démarche : prier ensemble, confier au Père l'amour de Micheline et Denis, rendre grâce pour le rude chemin déjà fait ensemble et celui qu'ils vont continuer.

Et on ne s'y trompe pas. Quelques signes confirmaient la différence avec un mariage à l'église, selon la formule consacrée :
  • chronologiquement, et c'est important, ce temps de prière était avant le mariage à la mairie (alors que pour un mariage religieux il faut d'abord passer par la mairie),
  • le prêtre était en aube mais sans étole, il ne se tenait ni à l'autel ni au siège de présidence,
  • la mariée portait un simple et très sobre tailleur blanc et n'a revêtu une robe de mariée qu'à la sortie de la mairie.
Des détails ? Pas seulement. Ils ne sont pas passés inaperçus et ils étaient bien réfléchis. C'est cela qui fait la différence. Alors, qu'est-ce qui peut empêcher des chrétiens de prier ensemble ?

Dans certaines paroisses l'animation de ce temps de prière est confié à des laïcs. Je me réjouis que ce soit un prêtre qui l'ait assuré ici. Cela dit quelque chose de l'ouverture et de l'accueil de l’Église, de l'attention du clergé local à cette question.
 
A l'automne prochain, du 5 au 19 octobre, doit se tenir à Rome le Synode des évêques sur la famille. Cette question des divorcés-remariés est à l'ordre du jour. Les attentes sont fortes pour que l’Église continue l'ouverture amorcée par le Pape François, y compris dans ce domaine. "Nous devons écouter  la douleur de l'échec...  il faut accompagner et non pas condamner ceux qui connaissent l’échec de leur propre amour... marcher de l'avant avec eux" dit le Pape François.

Chaque situation est à prendre en compte pour elle-même. Chaque couple a son histoire, son chemin, ses chutes et ses espérances, sa vie de foi. Il ne s'agit pas de galvauder le sacrement du mariage, mais d'accueillir ceux qui ont été blessés par un échec et ne pas les rejeter de l’Église.

J'ai été heureuse de participer à ce temps de prière avec Micheline, Denis et leurs amis. Heureuse qu'ils se sentent accueillis dans l’Église, souhaitant qu'ils y trouvent leur heureuse place, et que cela se passe dans ma paroisse. Heureuse de ce germe d'espérance. Leur route continue, de même que la recherche de solutions qui s'appuient sur la miséricorde de Dieu. Amis divorcés-remariés, gardez confiance ! 


NB - Un grand nombre d'articles sont parus sur ce sujet dernièrement, ci-dessous quelques uns des derniers publiés dans La Croix :
- L'accueil des divorcés-remariés, le casse-tête des cardinaux pendant le consistoire (23-02-2014)
- Le Pape invite à ne pas "condamner" lorsque l'amour échoue (28-02-2014)
- Divorcés-remariés, les 5 conditions du Cardinal Kasper (03-03-2014)
- Divorcés-remariés, le cardinal Müller défend la doctrine (31-07-2014)
- Document de préparation du Synode sur la famille, et questionnaire (04-11-2013)
- "Divorcés remariés, la chance de Marie-Madeleine". Marcel Metzger, ancien directeur de l'Institut de droit canonique à Strasbourg (19-08-2014)

Voir aussi :
- Dossier du Synode sur la famille, sur le site de l’Église de France 

jeudi 7 août 2014

"Raconte-moi ton pays" ou "mes vacances en Suisse"

Du chalet, vue sur le Léman. En face, Vevey
Ça doit bien remonter au mois de novembre dernier. La Congrégation nous avait proposé une réflexion sur le baptême. Et pourquoi ne pas joindre le sérieux à l'agréable en allant sur les lieux de nos baptêmes respectifs. Mais voilà, dans la communauté il n'y a qu'une vendéenne et il y a une Suissesse. J'avais plaisanté : Lætitia, tu nous emmèneras visiter ton église ?...
Quelques semaines plus tard je trouvais dans mes sabots de Noël un "Bon pour un séjour au chalet en juillet 2014".

 Le chalet, c'est là qu'elle va toujours passer quelques jours de vacances quand elle retourne au pays. Un chalet suisse typique dans lequel son amie se fait un plaisir de l'accueillir, pas loin du Léman et le surplombant, juste à la frontière franco-suisse. L'amie allait donc aussi m'accueillir ainsi qu'une autre Sœur, amie de Laetitia. Quatre dans ce minuscule chalet ! Mais je ne savais rien du lieu qui nous attendait, et surtout je ne savais rien non plus de la météo que ce séjour nous réservait.

Dépaysement garanti pour la citadine hyper connectée que je suis. La nature et que la nature, dans toute sa splendeur et dans toute sa nudité ! Et la météo n'a pas aidé. Associée à ma patte folle elles m'ont contrainte à me mettre au jeu de cartes, au mikado... que j'ai horreur de tout ça !... et pourtant je m'y suis mise sans trop de peine.

Alors c'est le moment de faire connaissance, et à défaut d'un pèlerinage dans l'église de son baptême trop éloignée c'est l'accueil de son histoire, dans son terroir, quelques visites des curiosités locales à ne pas manquer, la rencontre de ses amis et la joie de les voir heureux de se retrouver. Que de nouvelles à se partager, d'histoires à raconter, de souvenir à évoquer ! La langue n'est pas une barrière et c'est trompeur. Il y a beaucoup à découvrir de la culture, des coutumes, de la vie propres à la Suisse.

Je soupçonne aujourd'hui que son invitation était autant une proposition de vacances pour moi qu'un appel à mieux la connaître en la resituant dans son pays, là où sont ses racines. Raconte-moi ton pays et je te connaîtrai mieux.

Et pas de vacances sans photos !