vendredi 9 novembre 2012

Séparation... divorce... remariage... si on en parlait ?


des situations douloureuses, qui font débat dans la société et dans l'Eglise,
des personnes confrontées à ces situations en attente de dialogue et d'écoute, d'aide
ont conduit l'équipe pastorale du doyenné à proposer une rencontre avec Guy de Lachaux, prêtre du diocèse d'Evry qui, depuis 20 ans, accompagne des personnes divorcées.

Dans son exposé, riche d'exemples et lourd de vécu, le Père de Lachaux s'est attardé sur les causes de divorce, des propositions pour se reconstruire et a terminé par donner la position actuelle de l'Eglise.

La violence sous toutes ses formes vient en tête des causes de divorce, suivie de près par l'infidélité, l'absence de communication, l'alcoolisme, la drogue... Causes immédiates, mais aussi des causes lointaines et plus profondes auxquelles on ne pense pas spontanément : des blessures de l'enfance qui ressurgissent sous forme d'attentes ou de questions et rendent particulièrement vulnérable.

Face à la réalité du divorce (un divorce pour 2 mariages) la société tend de plus en plus à penser que ce n'est pas si grave que ça alors que l'Eglise, au moins dans sa réputation, culpabilise le divorce.

Pour le Père de Lachaux le divorce est toujours un séisme, une très grande souffrance, à court ou à long terme, qu'il se passe bien ou mal, une atteinte profonde dont on a du mal à se remettre. Outre les problèmes matériels, facilement identifiables, il touche à la vie psychologique, affective et relationnelle, la vie familiale et sociale, la vie spirituelle et ecclésiale.

Une tentation est alors de relativiser ce séisme, d'en nier l'importance et l'impact.

Le chemin qui s'offre au divorcé pour se reconstruire est d'accepter de faire la vérité sur le vécu. Un chemin qu'il analyse en six grandes étapes : le choc et la paralysie, suivis d'une phase de déni, un temps où l'on va exprimer ses émotions, une phase de tristesse, la découverte du sens de la perte et enfin l'étape du pardon. Difficile cette dernière étape mais essentielle. Le pardon qui libère intérieurement de cette histoire qui rive sur le passé. Le pardon, non une valeur morale, non une réconciliation, mais un besoin pour se libérer. Le pardon impossible à vue humaine, qui doit venir d'au-delà de l'humain, et en son temps. Oser entrer dans ce chemin.

Un tel cheminement nécessite un dialogue, de pouvoir dire une parole sans être jugé, c'est pourquoi il est essentiel que l'Eglise porte ce souci et soit présente auprès de ces personnes dont la souffrance est immense. Il y a là une mission de l'Eglise face à un drame de notre société. Susciter des groupes de parole et mettre la Parole de Dieu au cœur de ces rencontres : force inouïe de la Parole de Dieu qui permet de se reconstruire.

Restait à aborder la situation des divorcés remariés dans l’Église, la question qui fâche... venue de la salle.

D'une part, en tant que baptisés, les divorcés, divorcés remariés ont leur place dans l’Église et ont à la prendre. D'autre part  précisons que la question de l'accès aux sacrements ne se pose que pour les divorcés remariés. Cela conduit à se situer face à l'enseignement de l’Église, à chercher à comprendre ce qu'elle dit et à se positionner en conscience. Si la loi est nécessaire elle suppose en face une conscience active et éclairée qui décide. Et cela vaut pour tout chrétien.

Peut-on, et comment, faire avancer la question ? Pour le Père de Lachaux il faut en parler, se retrouver entre personnes concernées. Ce sont des questions à approfondir et à travailler. C'est à cette condition  qu'on pourra avancer et faire changer quelque chose. La pratique de l’Église orthodoxe qui reconnaît sous certaines conditions la possibilité de bénir une seconde union peut nous aider à avancer,

Cette rencontre a écorné un sujet quelque peu tabou, surtout dans l’Église, les participants à la soirée étaient reconnaissants à l'équipe pastorale de cette initiative. Une brèche a été ouverte qui déjà laisse percer des propositions de mise en œuvre. Démarche courageuse et nécessaire, on ne peut que souhaiter bonne route à ceux qui vont s'engager dans cette démarche.

NB - A noter, dans le diocèse de Luçon, l'existence d'un Atelier séparés, divorcés, divorcés remariés qui fait déjà des propositions dans ce sens. Cette soirée a été occasion de le faire connaître.

mercredi 7 novembre 2012

Des élections sans tambour ni trompette


Bien sûr je ne veux pas parler ici de l'élection du Président américain, qui battait son plein et faisait grand bruit ce week-end, focalisant tous les regards et commentaires.

Non, plus modestement, dans un coin du bocage vendéen 75 religieuses de la Congrégation se retrouvaient pour une session préparatoire au Chapitre qui se tiendra en juillet 2013. Bon déjà je devine des sourcils qui se lèvent : c'est quoi un chapitre ? Disons que dans la vie religieuse le Chapitre c'est l'autorité suprême, qui se réunit tous les 5 ou 6 ans (selon les Congrégations),  décide des orientions pour les 5 ou 6 ans à venir et élit les Sœurs (dont la Supérieure générale) qui auront mission de mener à bien ces orientations.

Dans les Congrégations à grands effectifs ces élections se font en plusieurs fois. C'est donc l'une de ces étapes que nous avons vécue pendant 3 jours le week-end dernier.

Certes on aurait pu faire ça en une journée et se contenter d'enfiler les votes les uns à la suite des autres. Une bonne journée faisait l'affaire. Mathématiquement ça collait.
Ben non. Dans l’Église, la vie religieuse en particulier, ça ne se passe pas ainsi, torché à la va vite.

Il nous a bien fallu trois jours
  • pour faire mémoire des cinq années passées : comment les orientations prises ont-elles été mises en œuvre, quels fruits nous en recueillons pour nous et pour l’Église ?
  • pour nous disposer à aller plus loin ensemble et être attentives aux appels de l’Église et du monde,
  • pour entendre les laïcs qui cheminent et s'engagent avec nous, nous dire leurs motivations pour nous rejoindre et les appels de la société qu’ils auraient à nous faire entendre
  • pour nous donner des temps de prière et de célébration ensemble
  • pour élire les Sœurs qui constitueront ce Chapitre et poursuivront le travail en juillet prochain.

Pas de campagne, pas de programme à défendre ou à soutenir, pas de liste de candidates...
Enfin non, c'est pas tout à fait ça.
Si, il y a un programme à soutenir, celui de l'évangile et de sa bonne nouvelle à répandre là où nous sommes, dans le monde d'aujourd'hui tel qu'il est. De quoi nos Églises et le monde ont-ils besoin ? Qu'attendent-ils de nous ? A quelles exigences, conversions, adaptations fidèles nous appellent-ils ?...
Si, il y a une liste d'élection, mais elle comprend tous les noms de toutes les Sœurs de France (celles des autres pays ont leurs élections propres).

Des élections dans l’Église, c'est quand même particulier.

Après ces élections la préparation se poursuit jusqu'en juillet 2013 en étant attentives à notre temps, au monde et à l’Église, pour entendre ce que l'Esprit nous dit. Dans une Église diverse, voire divisée, soyez vous-mêmes pleinement religieuses des Sacrés Cœurs dans vos manières de vous situer, tout en restant ouvertes aux inspirations de l'Esprit. Témoignez de ce qui vous tient à cœur, ce qui vous fait souffrir et vivre. Prenez appui sur le meilleur de votre tradition. Aidez les chrétiens à aimer l’Église. (Auguste Roy, délégué épiscopal à la vie consacrée).