Comme beaucoup je déteste le démarchage, quel qu'il soit. Mais cette fois, allez donc savoir pourquoi, je me suis prêtée au jeu de bonne grâce. On a le droit de s'arranger, non ?
Donc elle a commencé par une enquête de satisfaction sur le portage du journal à domicile. Bingo ! Ca tombe bien, c'est parfait, j'en suis contente alors j'y suis allée de mon petit couplet de félicitation et de remerciement pour ce service très matinal, régulier et tout. Oui, ce sont des étudiants qui font ça pour gagner un peu d'argent...
Puis elle a continué sur le fond, le contenu du journal, qu'est-ce que vous lisez en premier (non pas les obsèques, pas moi), qu'est-ce que vous aimeriez y trouver, qu'est-ce qu'on pourrait améliorer... Pour un peu j'avais un journal sur commande et à défaut de refaire le monde je refaisais le journal. Ah oui, votre dernière page, j'aime bien la dernière page : un regard positif sur des événements ou des tranches de vie. Elle savait s'y prendre la fille. Pour en arriver à sa proposition, parce que c'était quand même bien le but de l'opération, me faire consommer un peu plus et donc me proposer le journal le dimanche, à l'essai pendant un mois, pour un prix intéressant si je m'engage après, et si vraiment ça ne me convient pas je pourrai arrêter, etc. le couplet habituel. On a discuté un moment, ça ne me disait rien du tout et j'ai fini par céder avec l'arrière pensée de ne pas donner suite après l'essai.
Après elle a dû me parler "des autres", entendons par là les Sœurs de ma communauté, avec qui je pourrais en parler et qui seraient peut-être intéressées, elles. Elle a bien compris qu'avec moi ce n'était pas gagné...
Et puis ça s'est terminé comme ça. Enfin non. Remerciements, elle était contente : merci d'avoir pu parler avec vous, c'est rare d'avoir un tel accueil, et puis merci pour ce que vous êtes, pour vos prières. C'est important ça vos prières. Ma grand mère disait toujours : si le monde tient encore debout c'est grâce aux prières des Sœurs. Alors là vous avez de quoi faire ! Merci. Continuez.
J'étais toute éberluée de cette façon de conclure une conversation à caractère commercial. Avec une inconnue, quelqu'un que je ne retrouverai jamais. Un joli message que je transmets à tous ceux et celles qui ont cette mission de prier pour le monde et pour l’Église. On nous y attend !
samedi 17 septembre 2016
lundi 5 septembre 2016
Elles ont fait bénir leur maison
Certains auraient pendu la crémaillère, elles ont choisi de faire bénir leur maison.
Elles ont emménagé là il y a six mois, pas tout à fait nouvelles dans le quartier pourtant puisqu'elles n'étaient qu'à deux kilomètres. Quelle idée de déménager à deux kilomètres ! C'est l'aboutissement d'une réflexion commune entre la paroisse St Hilaire de Fontenay et la Congrégation des Soeurs des Sacré-Cœurs de Jésus et de Marie. La première, en restructuration, cherchait à garder une présence religieuse dans un quartier de la ville et un lieu d'accueil pour de petits groupes. La seconde cherchait un habitat plus adapté à une communauté religieuse.
En ce lieu, en réponse à l'appel de la paroisse, la communauté de quatre Sœurs a une mission d'accueil et de proximité, de présence toute simple aux gens du quartier.
Une pièce de la communauté sert donc aussi à l'accueil de petits groupes : enfants du caté, réunions d'équipes liturgiques, soirées bibliques, groupes de prière...
Accueil de groupes mais aussi accueil individuel, porte ouverte à qui veut venir confier une joie, une peine, partager un moment de prière, passer un moment pour rompre la solitude, ou le simple plaisir de prendre un café en bavardant.
Et alors pourquoi bénir cette maison ?
Dans la Bible, une bénédiction est d’abord un acte de Dieu qui veut le bien pour l’homme. Elle est aussi reconnaissance de la grâce de Dieu. Lorsque l’Église bénit elle affirme la présence de Dieu* à l’œuvre dans sa création. Bénir une maison rappelle que l'existence de l'homme dans toutes ses dimensions (travail, loisir, repos...) intéresse Dieu. Bénir une maison c'est bénir ses occupants afin qu'ils reconnaissent la présence de Dieu dans leur vie et qu'ils la transmettent à leurs frères et sœurs.
Ainsi comprise la bénédiction ne pouvait être qu'un coup de goupillon sur les murs de la maison, mais elle s'enracinait dans la Parole de Dieu, et la prière commune. Puis le célébrant a béni les personnes présentes et les pièces de la maison.
Michèle, Marcelle, Christiane et Isabelle avaient invité largement amis et proches, "utilisateurs" de la salle, la réponse a été à hauteur de leurs attentes. La diversité des participants reflétait la diversité des bénéficiaires, des amis, l'ouverture de la communauté, les liens déjà tissés. Michel, ému, a spontanément pris le micro pour remercier les Sœurs de leur soutien quand il a perdu sa femme.
La soirée s'est poursuivie par un temps convivial autour de boissons fraîches où de nouveaux liens ont pu se créer, jusque tard dans la soirée, certains pas pressés du tout de rentrer. On était bien là.
Que cette maison soit en effet un lieu où il fait bon vivre, où il fait bon venir, où Dieu se fait proche, où la Bonne Nouvelle est annoncée et vécue. "Venez, et voyez" (St Jean 1, 39).
* Père Sébastien Antoni, assomptionniste
Photos de l'après-midi
Elles ont emménagé là il y a six mois, pas tout à fait nouvelles dans le quartier pourtant puisqu'elles n'étaient qu'à deux kilomètres. Quelle idée de déménager à deux kilomètres ! C'est l'aboutissement d'une réflexion commune entre la paroisse St Hilaire de Fontenay et la Congrégation des Soeurs des Sacré-Cœurs de Jésus et de Marie. La première, en restructuration, cherchait à garder une présence religieuse dans un quartier de la ville et un lieu d'accueil pour de petits groupes. La seconde cherchait un habitat plus adapté à une communauté religieuse.
En ce lieu, en réponse à l'appel de la paroisse, la communauté de quatre Sœurs a une mission d'accueil et de proximité, de présence toute simple aux gens du quartier.
Une pièce de la communauté sert donc aussi à l'accueil de petits groupes : enfants du caté, réunions d'équipes liturgiques, soirées bibliques, groupes de prière...
Accueil de groupes mais aussi accueil individuel, porte ouverte à qui veut venir confier une joie, une peine, partager un moment de prière, passer un moment pour rompre la solitude, ou le simple plaisir de prendre un café en bavardant.
Et alors pourquoi bénir cette maison ?
Dans la Bible, une bénédiction est d’abord un acte de Dieu qui veut le bien pour l’homme. Elle est aussi reconnaissance de la grâce de Dieu. Lorsque l’Église bénit elle affirme la présence de Dieu* à l’œuvre dans sa création. Bénir une maison rappelle que l'existence de l'homme dans toutes ses dimensions (travail, loisir, repos...) intéresse Dieu. Bénir une maison c'est bénir ses occupants afin qu'ils reconnaissent la présence de Dieu dans leur vie et qu'ils la transmettent à leurs frères et sœurs.
Ainsi comprise la bénédiction ne pouvait être qu'un coup de goupillon sur les murs de la maison, mais elle s'enracinait dans la Parole de Dieu, et la prière commune. Puis le célébrant a béni les personnes présentes et les pièces de la maison.
Michèle, Marcelle, Christiane et Isabelle avaient invité largement amis et proches, "utilisateurs" de la salle, la réponse a été à hauteur de leurs attentes. La diversité des participants reflétait la diversité des bénéficiaires, des amis, l'ouverture de la communauté, les liens déjà tissés. Michel, ému, a spontanément pris le micro pour remercier les Sœurs de leur soutien quand il a perdu sa femme.
La soirée s'est poursuivie par un temps convivial autour de boissons fraîches où de nouveaux liens ont pu se créer, jusque tard dans la soirée, certains pas pressés du tout de rentrer. On était bien là.
Que cette maison soit en effet un lieu où il fait bon vivre, où il fait bon venir, où Dieu se fait proche, où la Bonne Nouvelle est annoncée et vécue. "Venez, et voyez" (St Jean 1, 39).
* Père Sébastien Antoni, assomptionniste
Photos de l'après-midi
samedi 3 septembre 2016
Mère Teresa, la face cachée
Demain elle sera canonisée, proclamée sainte par l’Église catholique à la face du monde. Et pour une fois l'ensemble des médias sont très bavards sur l'événement, je ne m'en plaindrai pas. Cependant il est une dimension de sa vie dont on ne parle pas, ou très peu, et qui alimentait son œuvre de charité. Je veux parler ici de sa grandeur spirituelle et mystique.
Sa première expérience mystique date de 1946 (elle a 36 ans), qu'elle nomme "l'appel dans l'appel". Dans le train elle entend un appel du Christ à tout quitter pour le suivre dans les bidonvilles et les trous obscurs et le servir dans les plus pauvres des pauvres. "Viens, sois ma lumière", lui dit le Christ. A partir de ce jour elle mettra tout en œuvre pour discerner que cet appel vient de Dieu puis pour le réaliser. Et quand elle se heurte aux évêques et archevêques qui traînent les pieds pour transmettre sa demande au Pape elle n'hésite pas à les relancer plusieurs fois : "Pardonnez-moi si je vous importune avec toutes ces lettres.." [...] "Je vous supplie Excellence, au nom de Jésus et pour l'amour de Jésus de me laisser y aller. Ne différez plus. Ne me retenez pas." Car Mère Teresa est obéissante et veut l'aval du Pape, comme signe de la volonté de Dieu, pour réaliser son projet. En 1942 elle avait fait en privé "le vœu à Dieu, sous peine de péché mortel, de donner à Dieu tout ce qu'il pourrait demander, de ne rien lui refuser".
Elle est écartelée entre l’Église qui prend son temps et Jésus qui la confronte à son vœu dans un lancinant : "Refuseras-tu ? Refuseras-tu de faire cela pour moi ?". Elle devra attendre 2 ans pour avoir le feu vert : "Vous pouvez y aller".
Le discernement de son projet l'a mise à rude épreuve. Ce premier combat terminé Mère Teresa va rapidement être affrontée à une profonde nuit spirituelle qui ne la quittera pas, des ténèbres de plus en plus sombres. Elle ira jusqu'à dire qu'elle n'a plus la foi, craindra l'hypocrisie car elle parle bien de Jésus mais elle en est si loin. Une grande souffrance qu'elle ne dévoile qu'à ses pères spirituels, mais que bientôt elle ne pourra même plus exprimer : "Pour moi, je n'ai rien à dire, car les ténèbres sont tellement sombres, la douleur tellement douloureuse". Une grande souffrance dont rien ne perce à l'extérieur son sourire étant son arme : "le sourire est un grand manteau qui recouvre une multitude de douleurs". Elle demande à ses Sœurs : "Prenez tout ce qu'il vous donne et donnez tout ce qu'il vous prend avec un grand sourire".
Que ce soit pour le discernement et la mise en œuvre de son projet, ou dans sa nuit, Mère Teresa ne cesse de prier et de demander qu'on prie pour elle, pour son œuvre, pour ses Sœurs.
Cette nuit elle n'en verra pas la fin. Elle en viendra à aimer ses ténèbres et à même y penser pour après sa mort : "Si jamais je deviens sainte, je serai certainement une sainte des ténèbres. Je serai continuellement absente du Ciel pour allumer la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres sur terre." Paradoxalement, et c'est un trait de l'expérience mystique, la traversée de cette épreuve l'enracine dans l'amour de Dieu et des autres, sa seule raison de vivre.
Sainte Mère Teresa, priez pour nous !
Les citations sont tirées de
"Mère Teresa, Les écrits intimes de la Sainte de Calcutta"
Brian Kolodiejckuk. Editions Lethielleux
Sa première expérience mystique date de 1946 (elle a 36 ans), qu'elle nomme "l'appel dans l'appel". Dans le train elle entend un appel du Christ à tout quitter pour le suivre dans les bidonvilles et les trous obscurs et le servir dans les plus pauvres des pauvres. "Viens, sois ma lumière", lui dit le Christ. A partir de ce jour elle mettra tout en œuvre pour discerner que cet appel vient de Dieu puis pour le réaliser. Et quand elle se heurte aux évêques et archevêques qui traînent les pieds pour transmettre sa demande au Pape elle n'hésite pas à les relancer plusieurs fois : "Pardonnez-moi si je vous importune avec toutes ces lettres.." [...] "Je vous supplie Excellence, au nom de Jésus et pour l'amour de Jésus de me laisser y aller. Ne différez plus. Ne me retenez pas." Car Mère Teresa est obéissante et veut l'aval du Pape, comme signe de la volonté de Dieu, pour réaliser son projet. En 1942 elle avait fait en privé "le vœu à Dieu, sous peine de péché mortel, de donner à Dieu tout ce qu'il pourrait demander, de ne rien lui refuser".
Elle est écartelée entre l’Église qui prend son temps et Jésus qui la confronte à son vœu dans un lancinant : "Refuseras-tu ? Refuseras-tu de faire cela pour moi ?". Elle devra attendre 2 ans pour avoir le feu vert : "Vous pouvez y aller".
Le discernement de son projet l'a mise à rude épreuve. Ce premier combat terminé Mère Teresa va rapidement être affrontée à une profonde nuit spirituelle qui ne la quittera pas, des ténèbres de plus en plus sombres. Elle ira jusqu'à dire qu'elle n'a plus la foi, craindra l'hypocrisie car elle parle bien de Jésus mais elle en est si loin. Une grande souffrance qu'elle ne dévoile qu'à ses pères spirituels, mais que bientôt elle ne pourra même plus exprimer : "Pour moi, je n'ai rien à dire, car les ténèbres sont tellement sombres, la douleur tellement douloureuse". Une grande souffrance dont rien ne perce à l'extérieur son sourire étant son arme : "le sourire est un grand manteau qui recouvre une multitude de douleurs". Elle demande à ses Sœurs : "Prenez tout ce qu'il vous donne et donnez tout ce qu'il vous prend avec un grand sourire".
Que ce soit pour le discernement et la mise en œuvre de son projet, ou dans sa nuit, Mère Teresa ne cesse de prier et de demander qu'on prie pour elle, pour son œuvre, pour ses Sœurs.
Cette nuit elle n'en verra pas la fin. Elle en viendra à aimer ses ténèbres et à même y penser pour après sa mort : "Si jamais je deviens sainte, je serai certainement une sainte des ténèbres. Je serai continuellement absente du Ciel pour allumer la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres sur terre." Paradoxalement, et c'est un trait de l'expérience mystique, la traversée de cette épreuve l'enracine dans l'amour de Dieu et des autres, sa seule raison de vivre.
Sainte Mère Teresa, priez pour nous !
Les citations sont tirées de
"Mère Teresa, Les écrits intimes de la Sainte de Calcutta"
Brian Kolodiejckuk. Editions Lethielleux
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