Ça fait déjà presque un mois qu'il est arrivé mais c'est seulement hier qu'on a pris le temps de bien s'accueillir mutuellement, avec la communauté paroissiale.
Début décembre on nous annonce l'arrivée d'un autre prêtre dans l'équipe pastorale, il s'appelle Bruno, il arrive du Sénégal. Il vient quelques mois pour s'acculturer, comme on dit avec un grand
mot... Connaître la France, sa culture, sa façon de
vivre... découvrir l’Église de France.
Sitôt arrivé sitôt lancé dans le grand bain. Il accompagne le curé dans toutes ses sorties pour les présentations d'usage, le repérage indispensable ; dès le lendemain il concélèbre la messe, puis se lance (est lancé ?) dans une brève homélie de semaine et le dimanche suivant dans une "vraie" homélie du dimanche.
Je ne sais pas comment ça se passe chez lui, mais il a l'air de bien s'y mettre à notre pays. Même au climat. Quelques tracasseries administratives ont retardé son départ du Sénégal et il a eu la malchance d'arriver en France au seul moment où le mercure flirtait avec le zéro degré. Transition thermique brutale ! Heureusement pour lui cela n'a pas duré.
Je me permets une anecdote, juste après son arrivée. Il me fallait une photo pour le mettre dans le trombi de l'équipe pastorale. Il est OK, je me pointe au presbytère avec le matériel ad hoc, mais au moment de la photo il m'arrête d'un geste : il manque quelque chose. Je me dis qu'il va se faire une beauté... à son retour je ne vois rien de changé, si ce n'est une paire de lunettes à la main. Je ne l'avais pas encore vu avec des lunettes, à l'étonnement que je manifeste il répond :
- il faut que je mette mes lunettes pour la photo
- si tu ne les portes pas habituellement, ce n'est peut-être pas la peine de les mettre pour la photo...
- je les mets juste pour dire la messe... Si je ne les ai pas sur la photo, les gens ne me reconnaîtront pas
- (je n'ai pu m'empêcher de sourire) si tu ne les mets que pour dire la messe, je pense que ça ira, même sans lunettes on te reconnaîtra bien
- ah oui, c'est vrai, je suis en France.
Son visage toujours souriant ne laisse rien deviner de ce que fut son rude combat pour devenir chrétien puis prêtre et Spiritain. De mère chrétienne et de père animiste il a dû s'opposer durement à son père pour mener à bien son projet et répondre à sa vocation. Confiant en Jésus qui l'attirait et en l'Esprit qui le guidait il a gardé le cap à travers la tempête. Est-ce cette confiance qui a permis à son père d'accepter sa décision juste à l'heure de l'ordination ? Est-ce cette réconciliation qui l'envahit de paix et éclaire ainsi son visage d'un sourire contagieux ? Comme il dit lui-même : "Un jour j’avais tout perdu à cause de Jésus. Aujourd’hui il m’a comblé au-delà de mes espérances".
Bruno c'est le prénom qu'il a reçu au baptême, Assaline c'est le prénom que lui ont donné ses parents à sa naissance. Quand il se présente il aime donner les deux prénoms.
Tout juste un mois avec nous et déjà bien adopté. L'acculturation, l'inculturation c'est un chemin de conversion et de connaissance mutuelle. C'était la raison de la soirée d'hier : mieux connaître le Sénégal.
Après Charles (Congo Brazzaville) et Antoine (Bénin), Bruno est le troisième prêtre africain que nous accueillons et qui nous fait découvrir sa culture et sa civilisation. Richesse pour les uns et les autres, ouverture à l’Église universelle.
Enfant, Bruno a été "séduit par la vie des gens de l’Église" comme il dit, ils ont été pour lui témoins. Puissions-nous ici, en France, en Vendée, être nous aussi témoins et lumière les uns pour les autres. Bienvenue parmi nous Bruno, et bonne accoutumance.
► Pour faire plus ample connaissance avec Bruno : lire son témoignage
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