Le week-end dernier j'étais à une rencontre de webmasters de
sites de Congrégations religieuses. La CORREF, organisatrice, avait invité Mgr
Giraud (l'évêque aux twittomélies) évêque de Soissons et Président du Conseil pour la Communication de la Conférence des évêques de France ainsi que deux jeunes jésuites
: Thierry Lamboley et Gréoire Le Bel.
Nous étions quand même plus de 110 à cette session, c'est dire
la présence et l'intérêt de la vie religieuse sur internet.
Personnellement j'ai beaucoup apprécié l'intervention de
Thierry Lamboley comme invitation à la réflexion sur l'originalité des sites de
Congrégations. En quoi et comment notre spécificité religieuse va-t-elle transparaître sur nos sites et les rendre différents d'un site de diocèse ou de paroisse ?
Qu'avons-nous à dire de particulier et que nous seuls pouvons dire ? La vie
religieuse donne-t-elle un style pour des sites de Congrégations ? Qu'est-ce
qui va nous distinguer d'une ONG ? Comment donner accès à ce qui ne se voit pas
et qui fait notre identité ?
Le Jésuite a ouvert de nombreuses pistes de réflexion.
Attention au vocabulaire
utilisé. Si tout site d'Église doit avoir le souci d'être compris de ses
lecteurs y compris des non cathos, il en est de même pour nous. Comment
renouveler notre vocabulaire pour être accessibles ? Des mots tels que pauvreté, chasteté,
obéissance ne disent rien aux gens d'aujourd'hui.... comment exprimer autrement la profondeur
de notre consécration religieuse ? Et la consécration religieuse...
qu'est-ce que c'est sinon l'engagement à servir Dieu et Dieu seul. Comment ce
choix transpire-t-il sur nos sites ?...
La vie religieuse donne à voir un style de vie étonnant dans l'Église et le monde; et cette réalité
est portée surtout par des femmes. Sans être revendication féministe comment
nos sites témoignent-t-ils de cette réalité du rôle et de la place des femmes
dans l'Église. Si nous ne le faisons pas... qui le fera
?
La vie religieuse est mystère pour nos contemporains, beaucoup s'interrogent sur notre
vie de prière, de communauté, de travail, sur nos engagements... Nos sites peuvent devenir
lieux de témoignage. Qui mieux que nous peut dire ce
que nous vivons, nos rassemblements, temps forts et fêtes de Congrégation...
même simples et apparemment ordinaires...
Si nous sommes habités par des convictions, des valeurs, des
références elles transparaîtront dans nos sites et diront quelque chose de nous
et de nos vies. L'esprit des fondateurs qui nous habite, doit donner une
coloration et une particularité à chaque site.
Les sites de Congrégations sont la vitrine des
Congrégations, des lieux de témoignage pour aujourd'hui. A nous de les
entretenir, les soigner, les tenir à jour, les rendre vivants en gardant notre
originalité sans devenir le site d'une quelconque association.
Et cela en utilisant les moyens qu'offre internet. Des
outils d'aujourd'hui pour dire à qui veut bien l'entendre et à qui cherche ce
que vivent les religieux et ce qui les fait vivre.
Webmasters de Congrégations osez osons aller de
l'avant et être témoins de ce que nous vivons sur nos sites comme nous
pourrions l'être dans nos bulletins à la Gutenberg ;-)
L'esprit de la vie
religieuse qui nous habite et nous façonne a sa place sur le net, et si NOUS ne le transmettons pas, qui le fera ?
4 commentaires:
Joie de travailler, réfléchir, prier ensemble IRL et 2.0 !
Merci pour ce retour ! (Yann, un tisserands de Rennes)
Je cite,
> Attention au vocabulaire utilisé. Si tout site d'Église doit avoir le souci
> d'être compris de ses lecteurs y compris des non cathos […] Des mots tels
> que pauvreté, chasteté, obéissance ne disent rien aux gens d'aujourd'hui....
Et si, plutôt que de trouver d'autres mots qui seront nécéssairement inadaptés, ce n'était pas justement là l'occasion de faire découvrir ces mots, et donc ces vocations ?
Et si c'était justement parce que ces mots ne disent rien qu'il fallait les utiliser ?
Ce ne sont pas les mots de pauvreté, de chasteté et d'obéissance qui ne disent rien aux gens d'aujourd'hui, c'est l'idée même, les vocations de pauvreté, de chasteté et d'obéissance qui n'ont pas de sens.
As-t'on le droit de dissimuler ces vocations ?
On peut être tenté de penser qu'il suffirait de changer les mots… Mais oserait-on changer la vocation ? Non. Si on ne peut changer la vocation, alors le mot ne peut pas être changé. Si le mot désigne la vocation, et que le mot est inconnu, alors il faut employer ce mot. Il faut faire découvrir la vocation, et un seul mot en témoigne.
Il y a là une occasion unique, en faisant découvrir un mot inconnu, incompris, de faire découvrir une vocation inconnue, incomprise. Le simple usage du mot, la simple évocation sème le sain doute de la possibilité !
Pauvreté ? Chasteté ? Obéissance ? Qu'est ce que c'est que ça ? Et si c'était vrai ? Et si c'était possible ?
Le risque serait, par crainte de soumettre l'autre au risque de l'inconnu, de lui éviter le risque de la conversion ! Drame !
Pauvreté, chasteté, obéissance, nous avons besoin d'héroïsme, ne cachez pas cet héroïsme !
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Il ne faut pas avoir peur des gros mots.
Une confidence : le témoignage le plus fort que j'ai pu recevoir et que je peux donner, c'est celui de la virginité. LE gros mot. Je constate toujours et de plus en plus à quel point ce témoignage fait mouche, et qu'il peut marquer une vie définitivement. Il suffit de prononcer ce mot, alors il devient possible.
Ce mot n'a pas de sens ? Mais s'il est entendu, c'est qu'il existe, et s'il existe, c'est qu'il a un sens ! Alors se pose la « question qui marquera toute une vie » : quel est ce sens ? Il faut faire naître la quête de sens, et pour ceux qui cherchent il faut savoir l'orienter.
Voilà, il faut nourrir la curiosité ! Il faut donc utiliser les mots, et surtout sans détour ! Les vocations de pauvreté, chasteté et obéissance n'ont pas d'équivalent, les mots non-plus.
Vous avez employé avec justesse le mot de mystère, le mot contient déjà le mystère. Il ne faut pas cacher le mot au risque de cacher le mystère !
Et puis je vous livre un autre secret : Il peut sembler facile pour un religieux de témoigner : il a une règle de vie, une vie de prière, un habit, un nom parfois… Tout cela témoigne dans le silence et assoie votre légitimité à témoigner. Mais le jeune que vous touchez par votre témoignage, avec qui il pourra témoigner à son tour ? Il n'est pas consacré, il n'a pas de règle, il n'a pas d'habit, son nom n'a pas de sens… Il ne peut donc appuyer sa légitimité sur rien ! Sa seule légitimité repose sur les mots justes qu'il emploie ! Il n'a pas d'autre témoignage que les mots ! Donnez-nous les clés du témoignages !
J'ai cité le gros mot de Virginité. On peut entendre ce mot à 15 ans, on peut encore l'entendre à 17 ans, on peut en témoigner à 20, on peut en témoigner à n'importe qui. J'ai pu donner ce témoignage à des inconnus n'importe où, dans un train, dans un bar gay… Je n'ai rien fait d'autre que prononcer ce mot, à plus vieux que moi parfois ! Des années après on me cherche recontacte. Ce n'est pas moi qu'il faut chercher, mais c'est moi qui ai prononcé. N'ayez pas peur des mots. Les mots vont là où vous n'allez pas, et resteront là où vous êtes passés.
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Thomas
un surfer du web pas religieux, pas vieux (encore jmjiste ;)), qui n'a rien d'autre pour témoignage que les mots justes et vrais, comme celui de virginité.
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