samedi 14 novembre 2015

Pray for Paris

Ce soir-là j'avais bouclé l'ordinateur de bonne heure, préférant bouquiner à surfer.
Le lendemain matin, quand le radio réveil s'est mis en marche, encore dans un demi sommeil, j'entendais des propos bizarres : 120 morts, 200 blessés, Bataclan, Paris... ce n'était pas encore l'heure des infos, je croyais entendre le récit d'un événement lointain et pourtant je sentais émotion et stress dans les voix. Il m'a fallu du temps pour réaliser que "ça" s'était passé dans la nuit. Pour la mise à jour les réseaux ont ensuite bien fait leur boulot.

Un choc national et mondial incontestable. Un élan formidable de soutien, de solidarité avec les victimes et tout le peuple Français.
Et en même  temps cette impuissance qui nous envahit : que faire ? A notre niveau, surtout si on est loin, on ne voit  pas grand chose qui paraisse efficace. Pourtant un certain nombre de petits gestes qui en soi, apparemment, ne changent rien, mais qui tous ensemble manifestent solidarité, refus de la violence : une bougie sur la fenêtre, une minute de silence, les cloches des églises qui sonnent. On a vu ça pour le 7 janvier, on le voit à nouveau pour ce 13 novembre.

Et puis il y a la prière. Une initiative des évêques, bien et rapidement relayée dans les paroisses. Des temps de prière sont proposés dès aujourd'hui et les jours suivants : chapelet, veillée de prière, messe... Certes la prière ne nous rendra pas nos morts, ne guérira pas les blessés. Et cela a pu susciter quelques réactions agacées (voir tweets ci-dessous). Mais la prière pour changer notre cœur et ne pas céder à la violence, à l'esprit de vengeance qui engendre l'escalade. Dans son message le Cardinal Vingt-Trois invite à prier pour notre pays afin qu’ensemble nous demeurions dans l’unité et la paix des cœurs. [...] que personne ne se laisse aller à l’affolement ou à la haine. Demandons la grâce d’être des artisans de paix. Nous ne devons jamais désespérer de la paix, si on construit la justice.

Non, la prière ce n'est pas un truc bisounours. C'est à la fois reconnaître notre pauvreté face aux événements et implorer la grâce de Dieu pour apaiser nos sentiments de violence et de vengeance. Et en cela elle nous engage à être bâtisseurs de paix au quotidien. Bisounours, ça ? La grâce que nous demandons,  Dieu ne manquera pas de nous la donner, mais elle ne nous dispense pas de nous retrousser les manches...



dimanche 1 novembre 2015

Des rameaux à la Toussaint ?

Ça a commencé par une petite phrase sur un réseau social. Un jeune diacre y rapportait une question qui lui était posée en cette veille de Toussaint : "Excusez-moi mon père, vous n'auriez pas des rameaux ?". Question qui a suscité étonnement et quelques moqueries.

Certes il y a lieu de remettre les pendules à l'heure et de rendre à chaque fête ses symboles et ses signes, mais je m'explique facilement la confusion.

Le dimanche qui précède Pâques, dimanche des Rameaux et de la Passion, l’Église fait mémoire de l'entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem. Il est fêté et acclamé par les gens qui étendent des palmes sur son passage. Aujourd'hui, habituellement, les palmes sont remplacées par des rameaux de buis.

Ces rameaux de buis, toujours vert, pour acclamer Jésus qui va mourir et ressusciter, sont aussi symbole de vie et de résurrection ; dans nos maisons ils seront déposés près d'un crucifix. Ce buis béni est symbole de la vie qui renaît de la croix, de la foi en la résurrection, de l'Espérance que la vie triomphe de la mort.

Les rameaux sont aussi parfois déposés sur les tombes, une façon d'associer nos défunts à cette espérance en la résurrection.

Et voilà comment j'explique la demande ci-dessus de rameaux pour la Toussaint. Puisqu'on met les rameaux des Rameaux sur les tombes, pourquoi n'y aurait-il pas des rameaux pour la Toussaint, où l'on a coutume de se rendre sur les tombes de nos proches ? Sauf que le jour des Rameaux ce geste prend son sens dans la célébration qui le suscite et qui n'existe pas à la Toussaint, il n'a plus de sens à ce moment-là.

De rameaux de buis dans les cimetières je n'ai point vu, mais j'ai vu de magnifiques potées de chrysanthèmes de toutes les couleurs. Elles sont signes de souvenir, de respect, d'affection, de tendresse envers les défunts. Ils sont magnifiques les cimetières en ce moment.