dimanche 29 avril 2012

Piégé par les sondages

Les sondages, on sait bien ce que c'est : quelques personnes interrogées (selon des critères précis quand même) et on en tire une tendance voire un résultat. Et on y croirait presque. Mais les sondages c'est un peu comme la météo : y a des jours où c'est pas ça du tout. Alors on en prend, on en laisse, on oublie, on laisse filer.

Dernier exemple où les sondages se sont plantés : l’abstentionnisme au premier tour de la présidentielle. Ça devait être un taux presque record, plus de 20 %, voire 25 % même et plus (cf. La Croix), un des plus forts taux de la Vème République. Et dimanche soir, c'est pas tout à fait comme ça que ça se termine. Taux de participation plutôt satisfaisant. Enfin, les sondages étaient tellement pessimistes, que la réalité est rassurante.

J'en étais là, sans état d'âme particulier, quand je suis tombée sur l'édito d'un mensuel parti à fond sur l'abstentionnisme. A fond dans le sujet : les bureaux de vote des lieux en voie de désertification, désintérêt de la politique, l'abstentionnisme exprime un dépit vis-à-vis de l'action politique, individualisme, l'abstention un signe parmi d'autres du délitement du tissu social... La cata quoi. Pour un peu j'avais un doute sur les résultats officiels.

Dubitative, j'attrape une autre revue, un hebdo... (c'est peut-être important comme précision). Complètement à l'opposé, tout aussi à fond que le précédent, mais ici en relief là où c'était en creux dans le premier. Les Français aiment l'élection présidentielle [...] leur élection favorite [...] ils ont voté [...] il faut croire que nous sommes des incorrigibles passionnés de politique [...] le droit de vote est un bien trop précieux pour être délaissé [...]* on salue le sens civique des Français [il faut aussi se laisser interroger par leurs choix]. Serait-ce l'air du verre à moitié vide et du verre à moitié plein ?

Vraiment pas de chance. Les deux revues ont atterri le même jour dans ma boîte à lettres, et j'ai lu les deux éditos à la suite. De l'art de disserter aux antipodes sur un même événement. C'était presque amusant.

Pardon amis journalistes qui lirez ce billet... ne prenez pas ça pour une critique... Disons que le calendrier n'a certainement pas joué en faveur du premier édito... ou mauvais hasard.... Et puis là c’était facile ici de comparer et de s'en amuser.

J'ai envie de mettre cette anecdote en lien avec la journée mondiale de la communication... qui se tiendra dans quelques jours (dimanche 20 mai) où nous sommes invités (même si ce n'est pas directement le thème cette année) à avoir un regard critique (dans le bon sens du terme) sur les différents médias, à croiser nos sources d'information pour se forger une opinion, surtout quand les questions sont plus difficiles. Et puis on va pouvoir discuter de ça avec des journalistes dans notre table ronde du 11 mai prochain : les médias, info ou intox ?

* Au passage, je souligne qu'il y a 67 ans aujourd'hui les femmes votaient pour la première fois.

samedi 28 avril 2012

Quand parler vocation religieuse n'est plus tabou


De mémoire de Cybersister je ne me souviens pas d'une telle profusion d'articles, billets, émissions, reportages sur la vie religieuse à l'occasion de la Journée Mondiale de prière pour les Vocations. Comme une explosion.

Flashmob - Parvis de Notre-Dame de Paris (29-01-2012)
Habituellement cette journée était modestement relayée dans les médias, et peu de temps avant. Cette année ça a démarré bien plus tôt. Quand ? Il me semble que le coup d'envoi c'était le week-end des jeunes religieux/ses à Paris fin janvier, avec la partie la plus visible pour le public qu'a été la flashmob sur le parvis de Notre-Dame le 29 janvier : "Brother & Sister Act, Missionnaires de l'espérance" (surtout ne pas oublier  Missionnaires de l'espérance, ils y tiennent). Coup d'envoi ? Coup réussi alors, puisque justement c'était un des buts : lancer une année de la vie consacrée. Depuis fin janvier, et crescendo depuis quelques semaines, les médias cathos (cathos, évidemment quand même) et aussi sur la toile soit dans les réseaux sociaux soit sur les sites cathos on assiste à une véritable campagne-info-témoignage sur la vie consacrée. Un véritable buzz sur Facebook,  Twitter et les blogs.

Assez paradoxalement, dans une société et une Église en crise il semble aujourd'hui plus facile d'aborder la question de la vocation sacerdotale ou religieuse, elle suscite moins de résistance voire de rejet qu'il y a quelques proches années. Et le sujet est relayé sans complexe par les jeunes eux-mêmes. Que s'est-il passé ?

Après une période où on avait mis à part dans la vie de l'Eglise les prêtres et les religieux, leur mettant en prime sur les épaules la charge d'être parfaits, après une période où LA vocation c'était la vocation à être prêtre ou religieux, on a (re)pris conscience que tout chrétien est d'abord un baptisé qui doit vivre son baptême dans l’Église et le monde, c'est là sa vocation première. L'unique appel à la sainteté pour tout chrétien de par son baptême. Et cette vie de baptisé se concrétise dans une réponse à un appel de Dieu dans différents états (célibat, mariage, célibat religieux ou sacerdotal). Cette mise au point était nécessaire, merci Vatican II.

Mais tombé de son piédestal dans un contexte sociétal également en forte mutation, le concept de vocation religieuse s'est heurté à un rejet. Le sujet était devenu quasiment tabou. La vocation, oui, disait-on du bout des lèvres, parce qu'il en faut bien, mais pour les autres. Il faut des prêtres et des religieux... on y croit... mais chez le voisin.

Et aujourd'hui on ose dire ouvertement sa foi, le sujet de la vocation religieuse peut être abordé sereinement, sans rejet. J'ai déjà dit ma surprise, en arrivant sur Facebook, d'y trouver une présence active et engagée de jeunes chrétiens. Et ça continue...

Certainement a-t-on pris le taureau par les cornes parce que cela devenait très grave et urgent, et on a le résultat d'une volonté des évêques et des Congrégations religieuses. Certainement récolte-t-on le travail caché et persévérant des services d’Église et des Congrégations. Et, en réponse aussi, la volonté des jeunes de vivre à fond leur expérience dans un monde qui a changé. Oser dire, oser se dire, oser témoigner de sa foi... et s'exprimer avec et par les moyens d'aujourd'hui.

Flashmob - Parvis de Notre-Dame de Paris (29-01-2012)
Ce rassemblement de janvier a été un événement déclencheur ; des participants vont jusqu'à dire que la vie religieuse ne sera plus la même. Serions-nous à un moment charnière ? Des manières de vivre changent, il faut en prendre acte et ne pas les bouder, mais les fondamentaux demeurent : l'engagement à suivre le Christ, les vœux pour les religieux, manifester le visage du Christ au milieu du monde. Témoigner du bonheur de vivre à la suite du Christ, hic et nunc.

Réjouissons-nous de cette liberté de parole retrouvée et soyons appelants. Car la vocation reste une réponse à un appel : "Le Maître est là, il t'appelle" (Jean 11, 28) ou "Viens, suis-moi" (Luc 18, 22) L'appel de Dieu passe par nos médiations humaines d'appelant, d'accompagnateur dans le discernement, de témoin. Appel et réponse vécus en Eglise, jamais Dieu-et-moi-tout-seul-avec-Lui, jamais sans les autres.

A suivre donc tout au long de cette année les différents temps forts de l'année de la vie consacrée dont le prochain rendez-vous est :
17-20 mai 2012, un week-end pour les 18-30 ans à Chavagnes-en-Paillers (Vendée)
avec Jean-Pierre Longeat (abbé de St Martin de Ligugé) et
Sœur Nathalie Becquart, xavière (directrice adjointe du Service National pour l’Évangélisation des Jeunes et pour les vocations). 
Prière du service national pour l'évangélisation des jeunes et pour les vocations
pour cette 49ème journée mondiale de prière des vocations :

Dieu notre Père, Seigneur du ciel et de la terre,
entends la prière confiante de ton peuple.
L’Église de ton Fils Jésus-Christ a toujours besoin du témoignage
et du service de femmes et d'hommes qui te soient entièrement consacrés
Aujourd'hui comme hier, 
tu appelles des disciples à suivre ton Fils.
Mets dans leurs cœurs assez de foi et de charité
pour répondre à ton amour.
Que l'Esprit Saint les aide à te consacrer leur vie,
pour ta plus grand gloire,
au service de leurs frères et sœurs en humanité. Amen.


Quelques liens :
Flashmob du 29 janvier 2012 sur le parvis de Notre-Dame de Paris
♦ Clip "Le bonheur de la vie religieuse" (Brother & Sister Act 2)
♦ Site du Service National pour l'évangélisation des Jeunes et pour les vocations
♦ Page du Jour du Seigneur pour la Journée Mondiale de prière pour les Vocations
♦ Site de la CORREF (Conférence des Religieux et Religieuses de France)
♦ Page Corref-Jeunes sur Facebook


mercredi 25 avril 2012

Quand la technique sert l'Eglise

A l'heure où l’Église est loin de bouder l'usage des nouvelles technologies et de les mettre au service de l'évangélisation nous en avons encore fait l'expérience hier soir, à notre modeste mesure.

Le diocèse de Luçon programme tous les ans un cycle de conférences aux thèmes et intervenants divers et intéressants. Excellent quand on habite La Roche-sur-Yon, car bien sûr, et on le comprend, ça se fait dans un lieu central. Mais quand on est éloigné de ce centre on se sent plutôt frustré.

D'où l'idée du service de communication du diocèse de Luçon de proposer une visioconférence. Après quelques essais au cours de l'année on a pu proposer hier en visioconférence à Fontenay-le-Comte l'intervention de Mme Annie Laurent sur l'avenir des Chrétiens d'Orient.

Encore en test, mais grandeur nature, l'expérience a été proposée à des personnes susceptibles d'être intéressées par le sujet, le bouche à oreille a aussi fonctionné. Nous étions donc une dizaine hier soir. Et ça a marché. Vive la technique ! Merci les techniciens !

Satisfaction générale de ceux qui ont pu suivre cette conférence à distance. Et ils en redemandent. Expérience concluante, qui pourra être renouvelée et proposée à un plus large auditoire et en d'autres lieux du diocèse.

L'image soutient l'attention, permet de mettre un visage animé sur le nom du conférencier. Au-delà de la transmission d'un contenu la visioconférence permet une proximité avec les participants sur place, la conférencière elle-même, les réactions de la salle... même si nous n'avions pas, cette fois-ci, la possibilité d'intervenir dans les questions/réponses ; mais ça viendra. 

L'objectif étant de permettre à des personnes éloignées de suivre des conférences de qualité proposées par le diocèse,  on ne peut qu'encourager l'initiative et souhaiter qu'elle se développe.


Pour retrouver l'enregistrement de la conférence :

Video streaming by Ustream

mercredi 18 avril 2012

A Lourdes avec les jeunes de Vendée

Ce matin il fait froid, il pleut, il y a du vent et c'est les vacances. Ça fait plein de raisons pour un ado de ne pas mettre le nez dehors dès 9h du matin. Et pourtant ils sont là au rendez-vous. Les voitures arrivent les unes après les autres et laissent échapper leurs passagers chargés de sacs, guitare, ponchos et impers.

Le pélé de printemps de Lourdes c'est un peu  l'activité à ne pas louper quand on est catho-ado-vendéen. Se retrouver avec d'autres jeunes de leur âge mais aussi avec des adultes, des malades, des anciens, des handicapés "Joie de vivre", dans une même démarche de pèlerinage, présidé par leur évêque, Mgr Castet. Avec des temps forts de célébrations communes à tous les groupes et des temps d'approfondissement, de prière, de détente plus ciblés selon les groupes. Quatre jours intenses pour se rencontrer, partager, chanter, prier, et "Avec Bernadette, prier le chapelet" selon le thème du pélé de cette année.

Premier rendez-vous ici ce matin pour faire les voitures et covoiturer vers Luçon où ils prendront le train avec les autres pèlerins vendéens. 120 jeunes vont vivre ce temps fort dont ils reviennent toujours enthousiasmés et réconfortés d'avoir rencontré d'autres jeunes de leur âge, ils se sentent moins seuls dans l’Église et c'est souvent le point de départ d'actions dans leurs paroisses.

Temps fort aussi face à eux mêmes, à leur vie, au sens qu'ils veulent lui donner. Espace de disponibilité pour accueillir l'appel de Dieu sur eux.

Ils sont un peu tristes au moment de partir : leurs copains de Benet ne sont pas là, ils ont eu un accident de voiture en venant au rendez-vous. Pas de grands blessés, mais tous choqués quand même et hospitalisés, pour quelques examens. Ils vont partir sans eux.

Pour les suivre au cours de ces 4 jours :
- les photos qu'ils ne manqueront pas d'envoyer, à voir sur Facebook
- et les temps à la grotte de Lourdes ou les processions, grâce aux webcams des sanctuaires.

mardi 17 avril 2012

Chrétien (et) électeur


Oser un billet de blog sur ce sujet au cours de la dernière semaine, juste avant le premier tour, ça fait quand même "on connaît... on a déjà vu... ça suffit..." Après tout ce qu'on a pu lire, écrire, voir, entendre, encore un ! D'accord, rien à ajouter, car il y en a eu beaucoup, et de très bons, mais juste regrouper, rappeler quelques pistes de réflexion proposées pour discerner et voter en chrétien.

Si l’Église nous rappelle que voter est un droit et un devoir ("Que tous les citoyens se souviennent donc à la fois du droit et du devoir qu'ils ont d'user de leur libre suffrage, en vue du bien commun", Constitution Gaudium et Spes n° 75, § 1), il n'est pas dans son rôle de donner des consignes de vote. Chacun est et reste libre de décider en conscience ce qu'il doit faire. Et ceci vaut pour des élections comme pour toute décision, de quelque ordre soit elle. Mais pas une décision à l'aveugle, à la lueur de l'humeur du moment. Une décision en conscience et éclairée. Et c'est à ce niveau qu’intervient l’Église : apporter des éléments de discernement, un éclairage qui prend appui sur la Tradition, la doctrine sociale de l’Église, l’Évangile.

Dans sa réflexion le chrétien cherche à concilier l'enseignement de l’Église, son histoire personnelle, la situation actuelle et le regard sur le monde pour décider en conscience ce qui paraît le mieux pour aujourd'hui. Le mieux dans le souci du bien commun. Ce bien commun qui n'est pas la somme des intérêts particuliers et individuels, mais "un vouloir vivre ensemble qui se donne tous les moyens de sa réalisation concrète" selon l'expression de Sr Geneviève Médevielle (La Croix, 14 avril 2012).

Dès octobre 2011 les évêques de France ont publié un texte non pour imposer un choix mais pour donner des éléments de réflexion et de discernement. Et "Pour aller plus loin" ils ont épinglé 13 pistes dans les domaines de la bioéthique, la morale, l'économie, la société... 13 sujets fondamentaux au regard de la morale chrétienne et de la doctrine sociale de l’Église :
  1. Vie naissante
  2. Famille
  3. Éducation
  4. Jeunesse
  5. Banlieues et cités
  6. Environnement
  7. Économie et justice
  8. Coopération internationale et immigration
  9. Handicap
  10. Fin de vie
  11. Patrimoine et culture
  12. Europe
  13. Laïcité et vie en société

► Quelques références pour se forger une opinion et pour un vote de chrétien :

Constitution Gaudium et Spes dont la 2e partie traite De quelques problèmes plus urgents dont les questions de politique aux paragraphes 73 à 76.
Déclaration des évêques de France en vue des présidentielles, en date du 3 octobre 2011 : "Élections : un vote pour quelle société", suivi d’Éléments de discernement" et de pistes pour aller plus loin.
♠ Afin d'aider les électeurs dans leur participation aux prochains scrutins, Mgr di Falco, évêque de Gap et d'Embrun, fait paraître quotidiennement sur le site du diocèse des éléments-clés de la Doctrine sociale de l’Église.
♠ Le site de la Doctrine sociale de l'Eglise (avec les textes officiels)


► Plus directement en lien avec les candidats et leurs propositions :
 ♠ Koztoujours : synthèse des propositions de 4 candidats (F. Bayrou, F. Hollande, M. Le Pen, N. Sarkozy) au regard des 13 "éléments de discernement" donnés par les Evêques de France
 ♠ Un autre tableau interactif, sur le site de Le Monde, qui permet de mettre en regard les propositions des candidats, par thème et par candidat.


mercredi 11 avril 2012

Leurs yeux s'ouvrirent

Blasés, écœurés, découragés, dépités... tous leurs espoirs déçus. La débandade des copains, les rumeurs dans tous les sens, le tohu-bohu autour d'eux, dans leur tête, et leur cœur lourd et blessé.

Ils prennent le large.
A quoi bon rester ici, tout est fini, il n'y a plus d'avenir pour eux.
Ça fait du bien de reparler de tout ça seulement tous les deux, même avec amertume, mais calmement.

Et c'est pas le gars qui les rejoint qui va les aider. Mais d'où il sort celui-là, même pas au courant de l'histoire. Cette histoire dont tout le monde parle pourtant.
Alors il faut tout lui raconter, depuis le début : tout ce qu'on avait vécu avec l'ami disparu, les missions, les pêches... parfois mouvementées, les connivences, les engueulades aussi, toute l'espérance qu'on avait mise en lui, et puis la débâcle, l'arrestation, la mort, et maintenant encore ce qu'on raconte et ces histoires de femmes. La déception, l'angoisse, l'incompréhension, l'horizon bouché...

Pourtant ce gars-là, il n'était pas au courant (enfin, qu'il disait) mais il leur a quand même raconté des trucs qui les ont aidés à comprendre ce qui venait de se passer. Bizarre ! Et ils se sentaient tellement bien avec lui qu'il l'ont invité à dîner avec eux : "Reste avec nous". Et puis il a fait des gestes qu'ils avaient déjà vus, des paroles déjà entendues, et là, ils ont compris. Tout. D'un coup.

Et retour chez eux au pas de course, au point de départ, au milieu des leurs, mais changés, transformés par la lumière de la Vérité, lumière du Ressuscité qui leur a juste laissé le temps de le reconnaître, et rien de plus. On ne traîne pas avec le Ressuscité, il faut le révéler tout de suite.

Ce besoin de prendre le large quand la vie est dense pour revoir, relire, comprendre, avec celui qui chemine à nos côtés, avec celui qui porte un autre regard, avec celui qui élève. Celui qui accompagne. Pour repartir...

 Jésus qui m'as brûlé le cœur
Au carrefour des Écritures,
Ne permets pas que leur blessure

En moi se ferme :
Tourne mes sens à l'intérieur.
Force mes pas à l'aventure,
Pour que le feu de  ton bonheur
À d'autres prenne !
Les Pèlerins d'Emmaüs - Arcabas

La Table où tu voulus t'asseoir,
Pour la fraction qui te révèle,
Je la revois : elle étincelle
De toi, seul Maître !
Fais que je sorte dans le soir,
Où trop des miens sont sans nouvelle,
Et par ton nom dans mon regard

Fais-toi connaître !

Leurs yeux ne t'ont jamais trouvé,
Tu n'entres plus dans leur auberge,
Et chacun dit: "Où donc irai-je,
Si Dieu me manque ?"
Mais ton printemps s'est réveillé
Dans mes sarments à bout de sève,
Pour que je sois cet étranger

Brûlant de Pâques !

(Texte de Didier Rimaud)



samedi 7 avril 2012

C'était la nuit

Chemin de Croix - Église de Pissotte (85)
C'est souvent la nuit que se passent les grands événements.

Déjà à Noël  c'est du milieu de la nuit que surgit la Parole, c'est dans leur veille de nuit que la nouvelle est annoncée aux bergers (Luc 2, 8), et le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. (Isaïe 9, 1). Cette naissance qui met fin à la nuit et ouvre l'espérance dans la lumière.

C'est de nuit que Nicodème vient rencontrer Jésus. (Jean 3, 2). Ne pas être vu, ne pas s'afficher, et pourtant rencontrer Celui dont la vie interroge.

Le soir venu... ils étaient à table, Jésus dit  "...l'un de vous me livrera" (Marc 14, 17)

Jésus dit à Pierre : "toi, aujourd'hui, cette nuit-même... tu m'auras renié" (Marc 14, 30).

Quand il fut la sixième heure, l'obscurité se fit sur la terre entière... (Marc 15, 33).

Aujourd'hui, samedi saint, cet espace d'attente, de veille entre vendredi saint et Pâques, entre mort et résurrection, le temps de la foi. Samedi saint, un jour sans liturgie. Ce jour unique dans l'année où l'eucharistie n'est pas célébrée, sinon justement lors de la messe de la résurrection, au cœur de la nuit.

La foi à l'épreuve de la nuit, de nos nuits d'hommes d'aujourd'hui marquées par la maladie, la mort, les ruptures, la solitude, les traitrises et lâchetés...

Cette nuit sainte où la liturgie nous fait passer des ténèbres à la résurrection, de la mort à la vie, du péché au salut.

Dans le silence de la nuit jaillira la lumière de Pâques, signe de la victoire de Jésus sur nos ténèbres, sur la mort, sur le péché.

Sainte journée et joyeuse Résurrection à toi lecteur.

Que brille devant Toi cette lumière :
demain se lèvera l'aube nouvelle
d'un monde rajeuni dans la Pâque de ton Fils !
Et que règnent la Paix, la Justice et l'Amour,
et que passent tous le hommes
de cette terre à ta grande maison, par Jésus-Christ !

Nous te louons, splendeur du Père, Jésus, Fils de Dieu.

(Exultet, chanté au début de la veillée pascale)





vendredi 6 avril 2012

Veillez et priez

C'est la prière demande de Jésus à ses trois plus proches compagnons. En crescendo. D'abord "Demeurez ici et veillez avec moi", puis "... vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi. Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation, et enfin, après un regard silencieux sur leur assoupissement, "désormais vous pouvez dormir..." (1)

Au soir du Jeudi Saint, après la célébration de la Cène et avant celle de la Passion le lendemain, les chrétiens répondent à cette invitation de Jésus : Veillez et priez. Un temps d'adoration, de prière, de présence avec Celui qui donne sa vie pour le monde, au cours de la nuit et au cœur de ces jours où nous faisons mémoire des événements fondement de notre foi chrétienne.

 C'est la 4ème année que la paroisse propose toute une nuit d'adoration, de 22 h 30 à 7 h 30. A l'initiative d'un groupe de jeunes qui a relancé un temps d'adoration eucharistique une fois par mois et qui a voulu tenter l'expérience de toute une nuit d'adoration. Bien sûr la nuit du Jeudi Saint était le moment opportun. Côté pratique : ils ont mis en place une inscription, non pas pour savoir qui vient mais pour s'assurer d'une présence tout au long de la nuit. Et après ça roule, et ça marche. Et il n'y a pas que les inscrits qui viennent, et il y en a de tous âges, y compris des jeunes et des ados.

Présence toute simple,
pour relire l'un des récits de l'institution de l'Eucharistie, de la Passion,
regarder Jésus, là, présent,
même sans rien dire, comme le paroissien du curé d'Ars : "Je ne lui dis rien, je l'avise et il m'avise",
lui présenter ceux que j'aime et ceux que j'aime moins,
ceux qui m'aident et ceux qui me mettent des bâtons dans les roues,
ceux qui pensent comme moi et ceux qui me dérangent parce que justement ils ne pensent pas comme moi,
ceux qui encouragent et ceux qui ne prennent la parole que pour dire ce qui ne va pas,
ceux qui m'ont demandé : "tu prieras pour moi",
et ceux à qui j'ai promis : "je prierai pour toi",
ceux qui n'ont rien dit, rien demandé, mais qui comptent quand même sur ma pauvre prière, et qui croient à la communion des saints,
ceux qui ont des vies cabossées à force de coups ici et là...
ceux qui... il y en a tant et tant...

Au cœur de la nuit, dans le silence si profond, puis au petit matin, quand la vie reprend avec quelques bruits habituels, un volet qui claque, une voiture qui passe, un peu vite...
Et maintenant c'est vendredi, Vendredi Saint, avec à nouveau des temps forts de Chemin de croix et de célébration de la Passion.
Il y eut un soir, il y eut un matin et ce fut le 2ème jour...

(1) Matthieu 26, 38 s.


lundi 2 avril 2012

Messe chrismale, quèsaco ?

C'est dans les premiers jours de la Semaine Sainte qu'a lieu la messe chrismale au cours de laquelle sont bénies les Huiles Saintes. Une par an, une par diocèse, présidée par l'évêque (c'est pour cela que lorsque le siège épiscopal est vacant c'est l'évêque d'un autre diocèse qui vient présider).

La messe chrismale rassemble tous les chrétiens d'un diocèse autour de son évêque, signifiant par là l'unité du peuple de Dieu dont il est le garant.

Ce qui fait le caractère unique de cette messe c'est la bénédiction des Huiles Saintes et l'occasion pour les prêtres de renouveler les promesses sacerdotales faites au jour de leur ordination, leur engagement à vivre unis au Christ, à célébrer les sacrements et annoncer la Parole de Dieu.

La symbolique de l'huile et du geste de l'onction sont très anciens. On les retrouve dans l'Ancien  Testament, comme signes de force et de consécration. Les rois étaient oints d'huile, les prophètes... Isaïe dit : "L'esprit du Seigneur est sur moi, car Yahvé m'a donné l'onction ; il m'a envoyé porter la nouvelle aux pauvres, panser les cœurs meurtris..." (61,1s.) ; citation reprise par Jésus à la synagogue de Nazareth (Luc 4, 18). L'huile qui nourrit, fortifie, éclaire, parfume. L'onction qui consacre des hommes (rois, prêtres) ou des objets (autels des églises). Les huiles essentielles ne sont-elles pas d'ailleurs très prisées aujourd'hui dans nos vies quotidiennes ?

Les Huiles Saintes, au pluriel car il y en a 3 :
Les 3 urnes pour les Huiles saintes (noter les initiales sur chacune)
  • l'huile des malades, qui sera utilisée dans le sacrement des malades, et qui "avec la bénédiction de Dieu soulagera le corps, l'âme et l'esprit des malades qui en recevront l'onction",
  • l'huile des catéchumènes, utilisée aux étapes de préparation au baptême,
  • le saint Chrême, utilisé ensuite surtout dans le sacrement de Confirmation, mais aussi au Baptême, à l'Ordination sacerdotale. L'onction de saint Chrême est signe de consécration totale à Dieu, des personnes ou des objets, ainsi par exemple les autels des églises.
A la fin de la messe ces Huiles Saintes sont remises aux prêtres et aux délégués des paroisses pour être utilisées au cours de l'année dans la célébration des sacrements.
Dans le diocèse de Luçon c'est le Lundi Saint qu'est célébrée cette messe chrismale. Et pour permettre à un plus grand nombre d'y participer le lieu change chaque année. Ce soir donc à Fontenay-le-Comte.

Et comme cette messe réunit tous les prêtres et diacres du diocèse, ils se retrouvent auparavant pour un temps de partage, de réflexion, de prière, et de convivialité. Souhaitons-leur une belle journée fraternelle et retrouvons-nous avec eux à la messe chrismale.

NB - Pour le diocèse de Luçon la messe chrismale est retransmise en direct sur RCF et sur la WebTV du diocèse.