lundi 25 février 2013

20 secondes de silence... c'est long

Hier soir au 20 h de France 2 Laurent Delahousse avait invité Muriel Robin à l'occasion de son retour sur scène après 8 ans d'absence.  A force de tout faire pour les autres elle en a fait un burnout, selon ses propres mots. Et alors comment on se remet ?

Et Muriel de nous expliquer qu'il lui a fallu prendre du temps pour elle. Il faut du temps pour se ressembler, pour régler des choses, pour s'occuper de soi.

On parle souvent du lâcher prise... c'est important... faire une pause, apprécier le silence... C'est rare aujourd'hui le silence, il faut toujours remplir, mettre de la musique... à la télé, partout.
Et elle lui coupe la parole :

-  vous voulez qu'on fasse un moment de silence ?
-  30 secondes,
-  30 ? on essaie
-  pas plus... 30 maxi
-  bon, on fait 20.

Surpris, il a sûrement aussi eu peur Laurent : un silence à la télé ! (Peut-être même a-t-il eu une mise en garde de ses chefs via l'oreillette). Et c'est parti. C'est vrai que ça fait drôle quelques secondes de silence à la télé.

"Voilà ça fait à peu près 20 secondes..."
elle a éclaté de rire.
Oui Monsieur Delahousse, vraiment à peu près, ça en fait à peine 15. Mais c'est quand même long 15 secondes de silence à la télé. Vous ne nous avez vraiment pas habitués à ça.

Originale, inattendue et amusante la propositon de Muriel Robin, mais pourquoi pas. Fallait oser. Et elle nous renvoie la balle. Le silence c'est possible.
Le silence rare aujourd'hui, fait peur, alors on le raccourcit  avec plein de bonnes raisons pour ne pas le faire durer. Pourtant un peu pratiqué, il apaise, repose, permet de se ressourcer, de prendre du recul... Pour le chrétien il est le lieu de la prière, de la rencontre avec Dieu, et prépare aussi la rencontre de l'autre...

Quels espaces de silence dans ma vie ?

L'interview de Muriel Robin
(la minute les 15 secondes de silence c'est à 6 mn 50)

jeudi 21 février 2013

"Après avoir examiné ma conscience devant Dieu..."

...c'est ainsi que Benoît XVI a introduit son message de démission le 11 février dernier.

Cette décision a été immédiatement et longuement commentée, le plus souvent bien accueillie une fois la surprise dépassée. L'hebdomadaire Pèlerin en fait un dossier spécial et propose de retrouver plusieurs de ces réactions.

Bien sûr d'autres voix se sont élevées  pour exprimer un désaccord, normal aussi... on ne démissionne pas de cette charge, motif soutenu par moult arguments. Mais ce n'est quand même pas la majorité des réactions.

Parmi ces réactions négatives je retiens un article dans La Croix de ce 19 février, opinion de deux professeurs de philo, Pierre Dulau et Martin Steffens.  L'abandon du Pape est une catastrophe, ce titre quelque peu provocateur invitait à entrer dans l'article.

Pour les auteurs la papauté est une fonction qui engage celui qui l'assume jusqu'à la mort, l'abandonner est une catastrophe. [...]  Un Pape qui démissionne, c'est un pont qui décide de ne pas atteindre l'autre rive dont il est la promesse. [...] Un PDG ou un président peuvent démissionner. Un pape, lui, est démissionné par la mort. [...] Quant à l'humilité, ne consiste-t-elle pas plutôt à consentir à une charge qui blesse notre nature immédiate ? Le poids qu'il doit porter est, bien sûr, trop lourd pour lui. Mais s'il ne l'était pas, il ne serait pas le pape.

Je trouve ces propos et le ton de l'article dans son ensemble particulièrement durs et accusateurs. Que cette décision surprenne, pose des questions inédites, soit, et cela ne peut qu'être constructif, mais au nom de quoi peut-on se permettre de juger une telle décision, et prise "après avoir examiné [sa] conscience devant Dieu", selon ses propres termes ? Qu'on relise la déclaration même de Benoît XVI, les mots pesés, le propos clair et humble, la décision fruit du discernement, la conscience de la gravité de cet acte...

Il y a aussi Mgr Noyer qui ne donne pas le même écho que l'ensemble de ses pairs, son propos est plus sévère, mais il analyse le contexte et le monde actuel, et il reconnaît à Benoît XVI toute la grandeur de sa décision et le souffle nouveau qu'elle peut faire lever. "Personne ne songe aujourd’hui à lui reprocher d’avoir fait ce qu’il a cru bon de faire", dit Mgr Noyer dans sa conclusion... Et bien si Monseigneur il est des philosophes qui se permettent de lui reprocher cette décision et de la juger !

Je n'ai pas la prétention de me mesurer à deux professeurs agrégés de philosophie, mais d'autres voix, ébranlées également par cette décision, nous ont proposé des réflexions plus constructives.

Quelques unes de ces réflexions... au hasard, parmi tant d'autres :
- Mgr Noyer : Benoît XVI : constat d'échec ?
- Christine Pedotti : Benoît XVI libère le pape
- Rémi de Maindreville : Le renoncement de Benoît XVI
- et aussi l'incontournable revue de presse de Stéphane Lemessin avec quantité de liens


lundi 18 février 2013

Une spécificité pour les sites de Congrégations religieuses ?



Le week-end dernier j'étais à une rencontre de webmasters de sites de Congrégations religieuses. La CORREF, organisatrice, avait invité Mgr Giraud (l'évêque aux twittomélies) évêque de Soissons et Président du Conseil pour la Communication de la Conférence des évêques de France ainsi que deux jeunes jésuites : Thierry Lamboley et Gréoire Le Bel. 

Nous étions quand même plus de 110 à cette session, c'est dire la présence et l'intérêt de la vie religieuse sur internet.

Personnellement j'ai beaucoup apprécié l'intervention de Thierry Lamboley comme invitation à la réflexion sur l'originalité des sites de Congrégations. En quoi et comment notre spécificité religieuse va-t-elle transparaître sur nos sites et les rendre différents d'un site de diocèse ou de paroisse ? Qu'avons-nous à dire de particulier et que nous seuls pouvons dire ? La vie religieuse donne-t-elle un style pour des sites de Congrégations ? Qu'est-ce qui va nous distinguer d'une ONG ? Comment donner accès à ce qui ne se voit pas et qui fait notre identité ?

Le Jésuite a ouvert de nombreuses pistes de réflexion.
Attention au vocabulaire utilisé. Si tout site d'Église doit avoir le souci d'être compris de ses lecteurs y compris des non cathos, il en est de même pour nous. Comment renouveler notre vocabulaire pour être accessibles ? Des mots tels que pauvreté, chasteté, obéissance ne disent rien aux gens d'aujourd'hui.... comment exprimer autrement la profondeur de notre consécration religieuse ? Et la consécration religieuse... qu'est-ce que c'est sinon l'engagement à servir Dieu et Dieu seul. Comment ce choix transpire-t-il sur nos sites ?...

La vie religieuse donne à voir un style de vie étonnant dans l'Église et le monde; et cette réalité est portée surtout par des femmes. Sans être revendication féministe comment nos sites témoignent-t-ils de cette réalité du rôle et de la place des femmes dans l'Église. Si nous ne le faisons pas... qui le fera ?

La vie religieuse est mystère pour nos contemporains, beaucoup s'interrogent sur notre vie de prière, de communauté, de travail, sur nos engagements... Nos sites peuvent devenir lieux de témoignage. Qui mieux que nous peut dire ce que nous vivons, nos rassemblements, temps forts et fêtes de Congrégation... même simples et apparemment ordinaires...

Si nous sommes habités par des convictions, des valeurs, des références elles transparaîtront dans nos sites et diront quelque chose de nous et de nos vies. L'esprit des fondateurs qui nous habite, doit donner une coloration et une particularité à chaque site.

Les sites de Congrégations sont la vitrine des Congrégations, des lieux de témoignage pour aujourd'hui. A nous de les entretenir, les soigner, les tenir à jour, les rendre vivants en gardant notre originalité sans devenir le site d'une quelconque association.

Et cela en utilisant les moyens qu'offre internet. Des outils d'aujourd'hui pour dire à qui veut bien l'entendre et à qui cherche ce que vivent les religieux et ce qui les fait vivre.

Webmasters de Congrégations osez osons aller de l'avant et être témoins de ce que nous vivons sur nos sites comme nous pourrions l'être dans nos bulletins à la Gutenberg ;-) 
L'esprit de la vie religieuse qui nous habite et nous façonne a sa place sur le net, et si NOUS ne le transmettons pas, qui le fera ?


vendredi 8 février 2013

Leçon de grippe

Il y une poignée de semaines, à l'occasion de la nouvelle année, on s'adressait des vœux ...et surtout la santé, parce que la santé... Oui, parce que la santé c'est ce qu'il y a de plus précieux. Et c'est bien connu que c'est quand elle flanche qu'on se rend compte à quel point elle est précieuse.

J'ai la chance d'être de ces gens à la santé robuste, jamais malade, alors quand survient une grippe un peu compliqués, outre l'étonnement amusé que cela suscite, ça fait regarder les choses autrement.

Ca veut dire changer de rythme, d'horaire, ne plus être la première debout et fière de l'être, être un peu plus dépendante des autres même pour les choses les plus banales, ne pas pouvoir sortir parce qu'il fait froid et qu'il faut rester au chaud, être coupée de l'extérieur, décliner toutes réunions et rendez-vous, accepter que d'autres fassent ce que je devais faire etc. Quelque part, ne plus être maître de gouverner mon territoire à ma guise. Mesurer, l'espace de quelques jours, mes limites.

Insensiblement la pensée s'en va vers d'autres malades, gravement atteints, lourdement handicapés par la maladie. Ce voisin rongé par la maladie de Charcot qui voit ses capacités diminuer de jour en jour et s'accroître la dépendance. Cette Sœur qui se bat contre un cancer ravageur. Cette femme atteinte d'une maladie orpheline, aux muscles littéralement bouffés par le mal. Et tant d'autres... Un autre regard pour eux, une attention, une pensée priante et me rendre compte à nouveau de ma gaucherie face à ces gens.

Et dimanche c'est le dimanche de la santé. De la santé ? Oui, mais on y prie pour les malades, leurs familles, les soignants, les chercheurs... Paradoxal : quand on parle du monde de la santé on parle de mal santé, mais aussi c'est vrai de ceux qui œuvrent pour que progresse la santé.

Alors je reprends cette prière proposée par Chantal Lavoillotte pour ce dimanche de la santé :  Seigneur, donne-moi ta parole.
Seigneur Jésus, Toi la Parole de Dieu,
Donne-moi Ta parole pour ma vie.

Quand je suis fatigué, découragé, désenchanté,
Donne-moi Ta parole.
Qu' elle me réconforte et me relève.

Quand mon frère malade n' en peut plus de souffrir, d' être inquiet,
Donne-moi Ta parole.
Apprends-moi les mots qui apaisent, apprends-moi aussi à me taire.

Quand mon frère âgé n' en peut plus de sa solitude, de son isolement,
Donne-moi Ta parole.
Apprends-moi les mots qui consolent, les mots qui soulagent.

Quand mon frère sans papier n' en peut plus d' avoir peur, d' être rejeté,
Donne-moi Ta parole.
Qu' elle fasse de moi un frère sans frontière.

Quand mon frère handicapé n' en peut plus de ne pas être écouté et entendu,
Donne-moi Ton silence, Seigneur Jésus.
Qu' il y trouve un espace pour s' exprimer.