lundi 31 décembre 2012

Le train de 5 h 20

Vraiment j'adore ce train. Oui, je sais, on n'adore que Dieu... et le chocolat. Promis, juré, je ne le dirai plus cette année.
Le train de 5 h 20, mon train préféré pour monter à la capitale comme on dit. Mais 5 h 20 un 31 décembre ça bat tous les records de calme, de silence et de désert. Déjà dans le car je suis seule passager. Ensuite dans le TGV on doit être une dizaine dans le wagon. Au bar la minette en manque de clients fait joujou avec son téléphone ; je parierai bien qu'elle prépare ses textos pour ce soir ;-)
Et là tout le monde dort, finit sa nuit, ou prend de l'avance, car la prochaine nuit sera probablement très courte. Le plus proche voisin est loin, pas gênée par des écouteurs à tue tête.
Ambiance TGV : train-dortoir ou train-monastère, c'est selon, et pas encore train-macdo avec cette odeur particulière qui fait dire "Tiens il est midi".
A cette saison il fait encore nuit une bonne partie du voyage. Dehors quelques lumières dans le lointain, surtout des décos de Noël, peu à peu celles des chaumières qui s'éveillent, de la vie qui reprend pour ce dernier jour de l'année. Puis le ciel s'éclaircit et dévoile son humeur : rouge et lumineux ou gris bas plein de gros nuages comme aujourd'hui. Et là, maintenant, le jour se lève vite. Fugaces quelques espaces de feu dans le ciel témoins du soleil levant.
A l'intérieur Morphée veille sur ses enfants, même les téléphones sont sous sa coupe. Ambiance propice à la méditation, à la prière. A l'aube de ce dernier jour de 2012 action de grâces pour ce que fut cette année, flash back sur les événements marquants, ce qui restera repère et phare pour éclairer la route devant.
Partie dans la nuit profonde, j'arrive à Paris en pleine lumière. Passée des ténèbres à la lumière, symbolique. Et là c'est calme encore, étonnamment calme : personne ne court, juste quelques pas rapides. Comment cela est-il possible de ne pas courir à Paris ?
Mais cela ne saurait durer, ce soir ce sera la fête, l'incontournable euphorie du passage d'une année à l'autre.

Lecteur de passage par ici je te souhaite une belle et heureuse année 2013


NB - Désolée pour le rétrodatage, c'est la faute à pas de connexion. Mais authentiquement-intégralement rédigé dans le train.



lundi 24 décembre 2012

Joyeux Noël !

Un air de fête habillait la ville hier et tout le monde s'y était mis pour ça : marché de Noël, animations variées pour petits et grands, chants de circonstance, et même le soleil et la douceur du temps, comme pour se faire pardonner ces derniers jours de pluie.

Sortie en famille, rires et sourires, bonne humeur, comme si on s'était donné le mot pour une trêve.
La magie... ou la grâce de Noël.

Et en même temps,  l'église St Jean était comble pour l'habituel spectacle de Noël.
Pendant une heure la chorale liturgique, la chorale des enfants, les enfants de la catéchèse ont enchanté l'assemblée avec le mime du Chant du berger (conte de Max Bolliger) et leurs chants de Noël.

Lampion crèche
réalisé par des jeunes du collège
Qu'ils étaient heureux les enfants de nous transmettre la joie de Noël !
Visages épanouis et radieux, un brin malicieux et plein de bonheur complice dans leurs yeux pétillants.
Un moment de bonheur pour annoncer et accueillir Noël,
lumière au cœur de la nuit. Isaïe ne disait-il pas :
sur le peuple qui habitait le pays de l'ombre
une lumière a resplendi.
Tu as fait éclater leur joie
. (Isaïe 9, 1-2)

Noël fête d'un Enfant, fête de tous les enfants.

Au cœur de nos déchirures et de nos violences un fragile enfant nous apporte la Paix, la Paix de Dieu et une lueur d'espérance.

Joyeux Noël et Paix à vous tous qui passerez par ici !


► Les chorales Chantent Noël 




Les photos du spectacle sur le site de la paroisse St Hilaire de Fontenay

► Animation de rue pour grands et petits 
 

dimanche 16 décembre 2012

Un silence qui parle

Les cercles de silence sont apparus à Toulouse en 2007, à l'initiative des Capucins. Rapidement ils se sont multipliés en France et se développent aussi dans d'autres pays d'Europe.

Alain Richard, Capucin à l'origine de cette action, voulait "réveiller les consciences" face aux traitements inhumains réservés aux sans papiers : "Il s’agit d’un appel à la conscience de chacun, et particulièrement à celle des décideurs. Nous disons que les sans-papiers sont nos frères et sœurs en humanité et que la violence qu’ils subissent dans les centres, comme toute violence, rompt cette humanité et nous fait perdre quelque chose de précieux."

Près de 200 cercles de silence se réunissent en France, selon des formes et des rythmes différents. Souvent à l'initiative de la pastorale des migrants ils sont rejoints par de nombreux autres mouvements, pas nécessairement confessionnels*.

Les participants forment un cercle au centre duquel brille la flamme d'une lampe, à la fois signe de fragilité, de vie et d'espérance. Quelques panneaux explicatifs donnent la signification de la démarche, présentent des situations d'exclusion et invitent à se rejoindre le cercle.

Hier à Fontenay se tenait le 4ème cercle. Un samedi matin, au cœur du marché, devant les halles. Les premiers forment le cercle, autour de la lampe, d'autres les rejoignent pour un moment ou pour toute l'heure, pas découragés par la pluie.

Un homme passe à côté de moi, je le connais de vue, il arpente souvent les rues de la ville, je ne sais rien de plus de lui si ce n'est qu'il doit être en situation précaire. Il regarde le panneau, et me demande : qu'est-ce qui est écrit ? Une seconde d'hésitation et je comprends qu'il ne sait pas lire. Alors je lui explique. Pas tout simple... et lui, il n'est pas sans papiers, mais qu'attend-il ? Il a regardé un peu puis a continué son chemin.

Le silence pour permettre à toute personne de rejoindre le cercle, au-delà des clivages politiques et religieux, silence qui interroge, qui permet la réflexion ou la prière, silence du respect des uns des autres.

"La dignité de chaque personne humaine ne se discute pas, elle se respect. Notre silence le crie et continuera de le crier jusqu'aux changements indispensables."






















*Pour Fontenay-le-Comte : ACAT, CCFD-Terre Solidaire, Emmaüs, Eglise Réformée, Mission Ouvrière, Mission Universelle, VEA, Réseau Education sans Frontière.


mardi 11 décembre 2012

Le Pape va tweeter



Ça fait déjà un moment que le bruit court. D'abord une rumeur, puis "le Pape a ouvert un compte", puis "son premier tweet avant la fin de l'année", et enfin "son premier tweet le 12 décembre" (tiens, le 12-12-12 ;-))

Il ne pouvait pas moins après tous les messages qu'il a adressés, ses encouragements à évangéliser le web et à évangéliser par le web, à aller sur les routes du continent numérique, et encore dernièrement le thème retenu pour la prochaine journée de la communication (13 mai 2013) : Réseaux Sociaux : portes de vérité et de foi ; nouveaux espaces pour l’évangélisation. 

Donc voilà, il se lance, il a ouvert un compte Twitter, plusieurs comptes même : un très officiel (@Pontifex) et six autres en différentes langues. Il a déjà un nombre incroyable de followers, par contre aucun abonné, on peut espérer que ça va venir... Et le premier tweet est prévu pour demain. Alors là, tous les catho-geeks vont scruter leur timeline, et c'est à qui sera le premier à lire ce tweet papal pour le retweeter à tous ses followers.

Pour cet événement historique une page d'évangile a été mise à jour : La parabole du twitter selon François Nautré

Le Pape est sorti pour tweeter. Certains tweets sont tombés sur des twittos branchés, qui ont retweeté mais dont les posts ont rapidement été envahis par leurs autres tweets insignifiants. D'autres sont tombés sur des followers au cœur de pierre, qui ont blacklisté son compte. D'autres enfin sont tombés dans la timeline de bons twittos cathos, qui ont massivement followé et retwteeté, par trente, soixante..."   (Cf Matthieu 13, 3-9)

PS - J'ai fait un oubli...
Le Pape sur Twitter, ce qu'en disent des enfants, c'est pas mal aussi   ;-)
Interview d'enfants sur RTL : L'actu sort de la bouche des enfants. A écouter ici 


vendredi 7 décembre 2012

Leur entrée dans la Vie comme un clin Dieu

Aujourd'hui nous avons conduit à sa dernière demeure, comme on dit, Sœur Jeanne, 88 ans, 69 ans de vie religieuse. Un âge respectable, une longue vie sous le signe du chant et de la musique.
Il est d'usage au début des célébrations des obsèques de faire un bref rappel de ce que fut la vie du défunt. A ce moment-là on est souvent très bon en calcul mental... et je n'ai pu m’empêcher de sourire en voyant les expressions de visage du tout jeune célébrant : née en 1924, entrée au noviciat en 1942, profession religieuse, professeur de musique toute sa vie dans le même établissement de 1948 à 1986... lui qui a l'âge d'être son petit fils, qui est façonné par une autre société où l'engagement dans la vie religieuse ou sacerdotale se fait plus tard, et dans un monde si mouvant.

Un peu impressionnant certes, mais pas exceptionnel pour autant.

Sœur Jeanne n'avait pas de famille pour l'entourer ce matin. Une sœur, âgée aussi et malade, empêchée de se déplacer, des neveux dispersés aux quatre coins de la France et de la planète, mais unis à nous tous, là autour d'elle. Nous ? Les Sœurs de la Congrégation bien sûr, mais aussi de vieux Fontenaisiens de souche, comme elle, et d'anciennes élèves. A 88 ans avoir encore des élèves pour se souvenir d'un prof d'il y a 50 ou 60 ans... elle a dû les marquer ces jeunes !

Mais ce qui me touche surtout aujourd'hui et qui donne un ton particulier à cette célébration c'est que Sœur Jeanne est la première à nous quitter depuis la fusion avec la Congrégation des Sacrés Cœurs et que cela arrive pile un an après (8 décembre 2011). Et ce même jour était enterrée une autre Sœur de la Congrégation, à Mauriac (Cantal), et avant-hier une troisième, à Coutances (Manche). Mauriac, Coutances, Fontenay : trois Congrégations accueillies par les Sœurs des Sacrés Cœurs, trois Sœurs originaires de ces Congrégations différentes, réunies dans une même Congrégation, et accueillies en même temps dans l'unique maison du Père au premier anniversaire de la dernière fusion. Comme un signe d'unité, une invitation forte, un encouragement à poursuivre le chemin commencé pour grandir et construire ensemble ce nouveau corps que nous formons, enrichi de l'apport des unes et des autres.

Marie-Thérèse, Marie-Marthe, Jeanne, votre départ, votre entrée dans la Vie comme un clin Dieu.


vendredi 9 novembre 2012

Séparation... divorce... remariage... si on en parlait ?


des situations douloureuses, qui font débat dans la société et dans l'Eglise,
des personnes confrontées à ces situations en attente de dialogue et d'écoute, d'aide
ont conduit l'équipe pastorale du doyenné à proposer une rencontre avec Guy de Lachaux, prêtre du diocèse d'Evry qui, depuis 20 ans, accompagne des personnes divorcées.

Dans son exposé, riche d'exemples et lourd de vécu, le Père de Lachaux s'est attardé sur les causes de divorce, des propositions pour se reconstruire et a terminé par donner la position actuelle de l'Eglise.

La violence sous toutes ses formes vient en tête des causes de divorce, suivie de près par l'infidélité, l'absence de communication, l'alcoolisme, la drogue... Causes immédiates, mais aussi des causes lointaines et plus profondes auxquelles on ne pense pas spontanément : des blessures de l'enfance qui ressurgissent sous forme d'attentes ou de questions et rendent particulièrement vulnérable.

Face à la réalité du divorce (un divorce pour 2 mariages) la société tend de plus en plus à penser que ce n'est pas si grave que ça alors que l'Eglise, au moins dans sa réputation, culpabilise le divorce.

Pour le Père de Lachaux le divorce est toujours un séisme, une très grande souffrance, à court ou à long terme, qu'il se passe bien ou mal, une atteinte profonde dont on a du mal à se remettre. Outre les problèmes matériels, facilement identifiables, il touche à la vie psychologique, affective et relationnelle, la vie familiale et sociale, la vie spirituelle et ecclésiale.

Une tentation est alors de relativiser ce séisme, d'en nier l'importance et l'impact.

Le chemin qui s'offre au divorcé pour se reconstruire est d'accepter de faire la vérité sur le vécu. Un chemin qu'il analyse en six grandes étapes : le choc et la paralysie, suivis d'une phase de déni, un temps où l'on va exprimer ses émotions, une phase de tristesse, la découverte du sens de la perte et enfin l'étape du pardon. Difficile cette dernière étape mais essentielle. Le pardon qui libère intérieurement de cette histoire qui rive sur le passé. Le pardon, non une valeur morale, non une réconciliation, mais un besoin pour se libérer. Le pardon impossible à vue humaine, qui doit venir d'au-delà de l'humain, et en son temps. Oser entrer dans ce chemin.

Un tel cheminement nécessite un dialogue, de pouvoir dire une parole sans être jugé, c'est pourquoi il est essentiel que l'Eglise porte ce souci et soit présente auprès de ces personnes dont la souffrance est immense. Il y a là une mission de l'Eglise face à un drame de notre société. Susciter des groupes de parole et mettre la Parole de Dieu au cœur de ces rencontres : force inouïe de la Parole de Dieu qui permet de se reconstruire.

Restait à aborder la situation des divorcés remariés dans l’Église, la question qui fâche... venue de la salle.

D'une part, en tant que baptisés, les divorcés, divorcés remariés ont leur place dans l’Église et ont à la prendre. D'autre part  précisons que la question de l'accès aux sacrements ne se pose que pour les divorcés remariés. Cela conduit à se situer face à l'enseignement de l’Église, à chercher à comprendre ce qu'elle dit et à se positionner en conscience. Si la loi est nécessaire elle suppose en face une conscience active et éclairée qui décide. Et cela vaut pour tout chrétien.

Peut-on, et comment, faire avancer la question ? Pour le Père de Lachaux il faut en parler, se retrouver entre personnes concernées. Ce sont des questions à approfondir et à travailler. C'est à cette condition  qu'on pourra avancer et faire changer quelque chose. La pratique de l’Église orthodoxe qui reconnaît sous certaines conditions la possibilité de bénir une seconde union peut nous aider à avancer,

Cette rencontre a écorné un sujet quelque peu tabou, surtout dans l’Église, les participants à la soirée étaient reconnaissants à l'équipe pastorale de cette initiative. Une brèche a été ouverte qui déjà laisse percer des propositions de mise en œuvre. Démarche courageuse et nécessaire, on ne peut que souhaiter bonne route à ceux qui vont s'engager dans cette démarche.

NB - A noter, dans le diocèse de Luçon, l'existence d'un Atelier séparés, divorcés, divorcés remariés qui fait déjà des propositions dans ce sens. Cette soirée a été occasion de le faire connaître.

mercredi 7 novembre 2012

Des élections sans tambour ni trompette


Bien sûr je ne veux pas parler ici de l'élection du Président américain, qui battait son plein et faisait grand bruit ce week-end, focalisant tous les regards et commentaires.

Non, plus modestement, dans un coin du bocage vendéen 75 religieuses de la Congrégation se retrouvaient pour une session préparatoire au Chapitre qui se tiendra en juillet 2013. Bon déjà je devine des sourcils qui se lèvent : c'est quoi un chapitre ? Disons que dans la vie religieuse le Chapitre c'est l'autorité suprême, qui se réunit tous les 5 ou 6 ans (selon les Congrégations),  décide des orientions pour les 5 ou 6 ans à venir et élit les Sœurs (dont la Supérieure générale) qui auront mission de mener à bien ces orientations.

Dans les Congrégations à grands effectifs ces élections se font en plusieurs fois. C'est donc l'une de ces étapes que nous avons vécue pendant 3 jours le week-end dernier.

Certes on aurait pu faire ça en une journée et se contenter d'enfiler les votes les uns à la suite des autres. Une bonne journée faisait l'affaire. Mathématiquement ça collait.
Ben non. Dans l’Église, la vie religieuse en particulier, ça ne se passe pas ainsi, torché à la va vite.

Il nous a bien fallu trois jours
  • pour faire mémoire des cinq années passées : comment les orientations prises ont-elles été mises en œuvre, quels fruits nous en recueillons pour nous et pour l’Église ?
  • pour nous disposer à aller plus loin ensemble et être attentives aux appels de l’Église et du monde,
  • pour entendre les laïcs qui cheminent et s'engagent avec nous, nous dire leurs motivations pour nous rejoindre et les appels de la société qu’ils auraient à nous faire entendre
  • pour nous donner des temps de prière et de célébration ensemble
  • pour élire les Sœurs qui constitueront ce Chapitre et poursuivront le travail en juillet prochain.

Pas de campagne, pas de programme à défendre ou à soutenir, pas de liste de candidates...
Enfin non, c'est pas tout à fait ça.
Si, il y a un programme à soutenir, celui de l'évangile et de sa bonne nouvelle à répandre là où nous sommes, dans le monde d'aujourd'hui tel qu'il est. De quoi nos Églises et le monde ont-ils besoin ? Qu'attendent-ils de nous ? A quelles exigences, conversions, adaptations fidèles nous appellent-ils ?...
Si, il y a une liste d'élection, mais elle comprend tous les noms de toutes les Sœurs de France (celles des autres pays ont leurs élections propres).

Des élections dans l’Église, c'est quand même particulier.

Après ces élections la préparation se poursuit jusqu'en juillet 2013 en étant attentives à notre temps, au monde et à l’Église, pour entendre ce que l'Esprit nous dit. Dans une Église diverse, voire divisée, soyez vous-mêmes pleinement religieuses des Sacrés Cœurs dans vos manières de vous situer, tout en restant ouvertes aux inspirations de l'Esprit. Témoignez de ce qui vous tient à cœur, ce qui vous fait souffrir et vivre. Prenez appui sur le meilleur de votre tradition. Aidez les chrétiens à aimer l’Église. (Auguste Roy, délégué épiscopal à la vie consacrée).

samedi 27 octobre 2012

Mais de quoi elle se mêle celle-là !

Mercredi après-midi.
Pas d'école pour les enfants.
Un nouveau magasin FNAC a ouvert la veille.
Les badauds s'y engouffrent. Simple curiosité, ce n'est qu'une FNAC, ou histoire de donner un but à la balade du jour. Beaucoup de monde. Beaucoup de jeunes et d'enfants. Beaucoup de rayons. Beaucoup de jolies choses, attrayantes.

En badaud confirmé je n'ai pas manqué la visite à l'occasion d'un passage dans le coin. Tiens justement je n'ai plus de stylo.
Alors que je cherche LE stylo qu'il me faut dans cette étendue de rayonnages un gamin (6-7 ans), seul, promène des yeux écarquillées sur des étals trop tentants, juste à hauteur de ses yeux.
Léger coup d’œil à droite, à gauche... doucement il prend un crayon et le fait remonter dans sa manche pour le glisser aussi discrètement dans sa poche en quittant tranquillement le rayon, nez en l'air.
Pourtant nos regards se croisent.
Il poursuit son chemin.
Réflexion à la vitesse de l'éclair :  j'y vais ? j'y vais pas ? ce n'est qu'un crayon.... ça ne ruinera pas la FNAC... tu ne le connais pas ce gamin, occupe-toi de tes oignons...
et je le rejoins doucement, de l'autre côté du rayon.
Il ne s'est pas enfui.
On se regarde, en face.
Il sait que j'ai vu. Il marque une brève hésitation, mais ne bouge pas. Le crayon est dans sa poche, on ne le voit pas. 
Je glisse à voix basse : Tu l'achètes ce crayon ?... Si tu ne l'achètes pas... il faudrait le remettre. 
Et je le quitte.
Il a remis le crayon. Il s'est sauvé.
Je n'ai pas cherché à voir où il allait, qui il allait rejoindre.
Je suis repartie avec plein de questions : de quoi je me mêle ? qu'est-ce qui s'est passé dans sa tête de gosse pendant ces 2 minutes ? certainement il va rester seul avec ce secret, ça m'étonnerait qu'il raconte ça à ses parents. Déjà une habitude chez lui ? un accident ? Mais c'est vraiment trop tentant tous ces crayons de toutes les couleurs, là, juste à sa portée.
Tout ça rien que pour un crayon... et maintenant les rayons de Noël se mettent en place... on recommence l'histoire ?


lundi 22 octobre 2012

L'orgue pour passion

Orgue, église Notre-Dame - Fontenay-le-Comte
Passion de toute une vie, et quelle vie : 88 ans dont 54 à Fontenay !

L'orgue, la musique, mais n'oublions pas aussi la philosophie qu'il a enseignée à des générations de lycéens fontenaisiens.

De sa philosophie et de son côté bibliste j'ai en particulier le souvenir de sa thèse sur le livre de Job qu'on m'a demandé de taper à mon arrivée au postulat (parce qu'à ce moment-là on tapait encore à la machine).

L'orgue et la musique, une passion partagée. Combien d'organistes, de choristes, de musiciens a-t-il formés à Fontenay et dans le diocèse, en particulier par sa participation assidue tous les ans en juillet à la semaine de stage des jeunes organistes ? Moi-même j'ai été une de ses élèves... non persévérante il est vrai, au Noviciat encore. Je me souviens aussi des répétitions de chorale : la messe et les vêpres du dimanche, avec antiennes propres en grégorien. Ces gros livres et ces partitions si particulières avec lesquelles il a fallu se familiariser. La discipline et les exigences musicales qu'il nous a transmises, la note juste, les temps et les mesures à respecter, la voix à placer (chantez avec votre tête, pas avec votre estomac), les notes à attraper par en haut...

Et sa passion de l'orgue allait jusqu'à réparer le matériel. A deux reprises il a re-fait des orgues. A partir de pièces détachées, de vieux orgues, il en a refait deux. Ah il y a bien des fois où les notes coincent, alors on le voit disparaître derrière, au milieu des tuyaux pour débloquer la mécanique et reparaître avec 3 cheveux en bataille et la soutane poussiéreuse. Il y a même un escabeau prêt à être escaladé entre entre le psaume et l'Alleluia ou pendant l'homélie.

A combien a-t-il donné le goût du chant, de la musique, du beau ?

Dans son homélie le prêtre nous invitait à nous réjouir de tant de talents et à les faire fructifier à notre tour, interrogeant chacun :

"Vous qui avez bénéficié des cours de philo du Père Vité, comment mettrez-vous votre réflexion, votre discernement au service de ce monde où il est parfois si tentant de réagir de manière sensible voire
épidermique sans avoir pris le temps de donner droit à la raison . Saurons-nous lier foi et
raison pour aider à trouver sens à la vie ? Vous qui avez appris à jouer de l'orgue avec le Père Vité, comment continuerez-vous à vous mettre au service de la prière de l’Église pour qu'elle soit par la
musique et le chant, l'instrument qui sert la rencontre de tout homme avec ce Dieu révélé
par Jésus-Christ ?
"

Et de citer la Constitution de Vatican II sur la liturgie : "On estimera hautement, dans l’Église latine, l’orgue à tuyaux comme l’instrument traditionnel dont le son peut ajouter un éclat admirable aux cérémonies de l’Église et élever puissamment les âmes vers Dieu et le ciel." (Sacrosanctum Concilium, n° 120).

Et quand on le remercie pour tout ce qu'il a donné, il répond avec grande émotion :
Merci... mais maintenant, c'est au Bon Dieu de faire le reste.

L'assemblée lui répond par une standing ovation.
Louez-le en sonnant du cor, louez-le sur la harpe et la cithare ;
Louez-le par les cordes et les flûtes, louez-le par la danse et le tambour !
Louez-le par les cymbales sonores, louez-le par les cymbales triomphantes! 
Et que tout être vivant change louange au Seigneur ! Alleluia ! (Psaume 150)


mardi 9 octobre 2012

Allégresse

Elle avait commencé à nous parler de Noëlle et Jacqueline il y a quelque temps, ses deux amies avec qui et chez qui elle allait passer quelques jours de vacances. J'avais écouté, distraitement, ce n'étaient que deux noms, des personnes que je ne verrai sans doute jamais. Même si, à travers ce qu'elle en disait je comprenais que c'étaient de vraies amies, et qui comptaient pour elle.

C'est pas la Suisse, mais ce sont de belles Alpes quand même
La perspective de les revoir l'emplissait de joie autant que de retrouver ses frères et sœurs. Ça promettait d'être un beau séjour, bien préparé, des visites, des retrouvailles, des balades en montagne, des veillées au coin du feu, car il fera déjà froid là-bas en Suisse. De temps en temps elle nous livrait un peu de ce projet de vacances soigneusement préparé sans en avoir l'air. Quant à moi j'étais toujours un peu lointaine.

Puis elle nous a dit que Noëlle et Jacqueline viendraient la chercher. Comment ? Faire toute cette route en voiture, traverser la France pour venir la chercher et repartir dès le lendemain !
  • Mais elles ont quel âge tes amies ?
  • 78 et 82 ans.
  • Ha bon !
  • Mais ça leur fait plaisir de venir, et la route ne leur fait pas peur
  • Oui, bien sûr !
Au fur et à mesure qu'on approchait du jour J les préparatifs continuaient, l'accueil des amies s'organisait, discrètement, mais tout se mettait en place. Une fois ou deux j'ai dû répondre au téléphone quand Noëlle a appelé. Voix souriante et dynamique... oui, oui, ça s'entend un sourire au téléphone ;-)

Elles ont donc pris la route dimanche matin, de Genève, et sont arrivées le soir, avec la pluie. Non seulement elles ont fait le déplacement mais elles sont arrivées avec un sac de spécialités suisses (hum, pas besoin de détails sur le contenu du sac, n'est-ce pas !). Et j'ai fait la connaissance de Noëlle et Jacqueline. Un régal. Nous avons dîné ensemble, chez nous. Un moment de bonheur. Les retrouvailles de ces trois amies, simples et sans exubérance mais denses de vécu ensemble. Et on s'est mises à parler comme si on se connaissait depuis des lustres.

Pourtant il a bien fallu arrêter pour aller se reposer : 800 km aujourd'hui, autant demain pour le retour, même à 80 ans ça demande un minimum de repos ;-)

Et ce lundi matin, elles sont toujours en pleine forme, prêtes pour le départ. Pas d'effervescence mais un rayonnement de bonheur contagieux. Je ne sais pas ce qui s'est passé, ce n'était pas un départ en vacances ordinaire. Je les ai accompagnées jusqu'à leur voiture et elles ont pris la route, laissant derrière elles comme une traînée de leur bonheur paisible. Il faisait encore un peu sombre, ça brouillassait, ça crachinait, mais il y avait du soleil dans les cœurs, des regards radieux et un brin rieurs, des visages lumineux et paisibles.

Bon voyage, bonnes vacances Lætitia !

Tiens, au fait... Lætitia, ça veut dire allégresse.


mercredi 3 octobre 2012

C'étaient des enfants


Des enfants comme tous les autres, des enfants avides d'apprendre, délurés, espiègles, déjà marqués comme les autres de cette époque par le froid, la faim, la mort, la peur engendrés par la guerre. Mais ceux-là en plus ils étaient juifs, marqués au fer rouge de l'étoile jaune.

Pour ce 70e anniversaire de la rafle du Vel' d'Hiv' une exposition leur est consacrée à l'Hôtel de Ville de Paris. En mémoire de ces milliers d'enfants déportés et exterminés, mais aussi de ceux qui en reviendront  comme on dit, et de ceux qui au risque de leur vie ont caché et élevé des enfants juifs. Et pour ces derniers la vie après... ou comment survivre après un tel drame ?

Les enfants comme sujets de cette histoire, selon la formule de Serge Klarsfled, ou l'histoire du point de vue des enfants.

 Avec pédagogie l'expo suit un parcours assez chronologique et par thèmes : identification et exclusion - arrestation et déportation - solidarité et sauvetage - survivre et grandir. La plupart des documents viennent du Mémorial de la Shoah : lettres, photos, dessins, témoignages, registres, documents officiels, jouets, vêtements avec l'étoile jaune, et couvrent non seulement la période de l’Occupation mais également l’immédiat après-guerre où les difficultés demeurent pour les enfants juifs.

Impressionnant silence qui accompagne la visite.
Ce vieil homme, sur un banc, au milieu de la salle, menton dans la main, regard ailleurs, perdu dans l'au-delà du temps et de l'histoire, les yeux trop humides... Il n'est pas là, il n'est plus là... où est-il ? avec qui ?... Comme ces gens revenus des camps et qui n'en ont jamais parlé, mais à vie sans cesse hantés par ce qu'ils ont vu et vécu.

Et dans la salle à côté ce poème lu en boucle par une voix de femme, lancinant :

Mon père est mort, ma mère est morte
Morts la plupart de nos frères,
Mortes la plupart de nos sœurs
Et moi qui me croyais si forte
Sans volonté je marche, j'erre
Pendant que gémis mon cœur.

Je voudrais hurler sur les toits
Toute ma haine, comme un écho,
De mon âme qui pleure.
Morts... morts... morts répète ma voix.
Je voudrais crier tout haut
Pendant que gémis mon cœur.

La rage dans mon âme vibre,
J'ai tout perdu : l'amour, la foi.
Moi, qui à toutes ces horreurs
Ai échappé, enfin libre.
Je travaille... mais sans joie,
Pendant que gémis mon cœur.

Ils sont tous morts ! Ils sont tous morts !
Me laissant une lourde tâche
Pour que survive un monde meilleur
J'ai fait un très grand effort.
Je travaille sans relâche
Pendant que gémis mon cœur.


Ce poème est également sur un mur, je l'ai recopié intégralement, tel quel. "Pendant que gémis mon cœur" a été publié en 1946 dans "Lendemains".

Une exposition pas comme les autres. 
Pas seulement un voyage dans l'histoire mais une expo en forme de Mémoire. Afin que l'on se souvienne et que jamais cette Histoire ne se reproduise.
 
Elle est visible jusqu'au 27 octobre 2012, à l'Hôtel de Ville de Paris. Une visite-mémoire à ne pas manquer.


mardi 18 septembre 2012

Bonjour M'sieur le curé... bienvenue

Un précédent billet appelle naturellement celui-ci en écho. C'est en effet dimanche dernier que nous avons accueilli notre nouveau curé en provenance de La Roche sur Yon où il était déjà curé-doyen. Donc la tâche, il la connaît, même si elle est à conduire dans le grand Sud du département qu'il ne connaît pas. C'est pour ça qu'au début de la messe un membre du conseil de paroisse lui a présenté ce territoire où il est envoyé : aspects humains, socio-économiques et religieux.

L'installation d'un curé, selon l'expression consacrée, c'est l'envoi en mission officiel, par l'évêque ou son délégué, du curé sur un territoire donné (la paroisse). Mission précisée dans une lettre de mission lue en début de célébration. La présence du délégué de l'évêque signifie la communion de l’Église, la communion avec l'évêque de qui le curé tient sa mission.

Doyen, vous aurez à promouvoir et coordonner la pastorale du doyenné en lien avec les orientations diocésaines. Vous porterez également le souci de vos frères prêtres et diacres...

Curé, vous êtes le pasteur des paroisses qui vous sont confiées pour accomplir la charge d’enseigner, sanctifier et gouverner, en lien avec les prêtres et le Conseil de paroisse.

 Ces 3 dimensions de sa charge sont signifiées à 3 reprises au cours de la messe d'installation :
- enseigner : avant la lecture de l'évangile le vicaire épiscopal remet solennellement l’Évangéliaire au nouveau curé avec ces paroles : Recevez  l'Evangile pour annoncer la bonne Nouvelle au peuple qui vous est confié
- sanctifier : à l'offertoire il reçoit le pain et le vin pour les offrir et les consacrer en Corps et Sang du Christ
- gouverner : le curé est chargé de conduire le peuple de Dieu, d'être le garant de la communion, il est d'abord un pasteur. Dans son intervention finale il a présenté aux paroissiens sa ligne d’action, les chantiers qu’il compte mettre en œuvre ou poursuivre, dans l’ouverture et le dialogue.

Un autre moment fort de la célébration est l'engagement public du nouveau curé au service de cette portion du Peuple de Dieu qui lui est confiée et la réponse de l'assemblée, dans un dialogue avec le délégué de l'évêque : 

♦  François, veux-tu accomplir avec sagesse le ministère de la Parole ?...  
                    Oui, je le veux
♦ ... veux-tu célébrer avec foi les mystères du Christ ? 
                    Oui, je le veux
♦ ... veux-tu implorer la miséricorde de Dieu pour le peuple qui t’est confié ? 
                    Oui, je le veux
♦ ... veux-tu, de jour en jour, t’unir au souverain prêtre, Jésus-Christ... et te consacrer à Dieu avec lui pour le salut du genre humain ? 
                    Oui, je le veux

puis avec l’assemblée :
♦ et vous, frères, voulez-vous œuvrer ensemble pour le service de Dieu et la croissance de son Église ? 
                    Oui, nous le voulons
voulez-vous partager avec vos prêtres, spécialement le nouveau pasteur envoyé parmi vous, les soucis et les joies du ministère, la mission et la prière de l’Église.
                    Oui, nous le voulons.

Un moment fort de la vie paroissiale, où on se sent d'un même peuple, attelés à une même Œuvre pour que grandisse le Royaume de Dieu ;
où il nous donné de saisir l'ampleur d'une responsabilité et de nous y associer à notre mesure, au-delà des divergences inévitables.
L'installation d'un curé ce n'est pas un accueil ordinaire c'est tout un engagement en Église,
engagement du curé,
engagement des chrétiens avec lui.
On a bien saisi ce deuxième point ?....


dimanche 16 septembre 2012

Animateur de chants, c'est du boulot

  Dans ma paroisse, comme dans la plupart des paroisses, il y a des animateurs, dont je fais partie. Je considère cela comme un service pour aider à la prière de l'assemblée et au chant et aussi pour que la célébration se déroule le mieux possible. De ce fait on veille au bon déroulement, à l'enchaînement, à ce que chacun sache quand intervenir etc. Parfois il y a des imprévus... il faut faire face... et tout se passe bien. Mais hier soir, je crois quand même qu'il y avait un faisceau d'emmerdes (ah pardon, j'ai vérifié, Larousse ne dit pas que c'est un gros mot, juste que c'est "populaire")
  1. D'abord, y avait pas de sacristain... mais ça on s'en doutait et Loïc avait préparé l'essentiel, sauf qu'il manquait les feuilles pour l'assemblée. Donc Jean-Paul s'est précipité au presbytère à l'autre bout de la ville pour récupérer les précieuses feuilles
  2. pendant ce temps l'organiste et l'animateur (ma pomme) mettent au point leur service. Et quand Joseph s'avise d'allumer les spots du chœur, l'ampli de l'orgue pousse une gueulante assourdissante et continue qui ne cesse que quand on lui coupe le jus. Et il recommence son beuglement chaque fois qu'on redonne du jus
  3. donc on s'est rabattus sur l'orgue à tuyaux, mis au rancart depuis plusieurs mois, si content de reprendre du service qu'il a été impeccable pendant toute la messe, qui a quand même fini par commencer
  4. préparation pénitentielle : échange de regards et coups de menton entre le célébrant et l'animateur (ma pomme ai-je déjà dit). Je fais signe NON (sous-entendu, il n'y a pas de chant de prévu ici). Le célébrant, qui n'est pas à l'autel, est perturbé, ne sait plus ce qu'il faut dire... va à l'autel... feuillette en vain son livre... et finit par chanter, de mémoire, Seigneur Jésus envoyé par le Père etc. Intérieurement je pense : tiens encore un qui n'a pas regardé sa feuille avant de venir... pourtant, ça m'étonne un peu de lui.
  5. après l'oraison tout le monde s’assoit... et personne ne se relève pour la lecture... A nouveau coup d’œil ici ou là, et quelqu'un s'avance dignement pour faire la lecture. Bon c'est clair l'équipe liturgique est très défaillante, en la personne de Christelle
  6. pendant cette lecture... j'avise l'assemblée : à qui vais-je envoyer un autre coup d’œil pour la 2e lecture... et la PU... et la distribution de la communion ?... 
  7. mais je n'avais jamais vu qu'il y avait un rayon de soleil foudroyant sur l'ambon pile poil de 19 h 12 à 19 h 14, comme par hasard au moment où je dois chanter le psaume ! Le soleil, plus les ratés précédents, plus "à qui je fais un coup d’œil pour la lecture suivante"... et puis zut je ne vois rien avec ce soleil... je rate une prise de verset... mais je me récupère... non mais faut pas croire que tout a raté quand même !
  8. enfin je fais mon énième coup d’œil en descendant les marches, et sans me casser la figure s'il vous plaît
  9. pendant l'homélie, dernière démarche pour un lecteur de la PU, ouf, on va en voir le bout !
  10. anamnèse : je mets en application les recommandations de la chef de la chorale : je reste à ma place, l'assemblée chante toute seule... sauf que les paroles ne sont pas sur la feuille de messe et que j'ai un trou sur les derniers mots et que tout le monde a un gros trou sur les 5 derniers mots
  11. chant de communion : l'assemblée n'a pas encore compris que c'est au refrain qu'elle chante de préférence, pas au couplet. Donc je me paie le refrain quasiment seule et j'ai la gorge qui pique... résultat, gagné, le couplet cafouille... non, c'est pas que je ne sais pas, c'est juste que je n'ai plus de voix
  12. bon, ben ça va être tout pour ce soir... C'est pas toujours cool animateur de chants à la messe. On appelle aussi ça : gérer le moment présent ;-)
  13. précision finale : après la messe on cause un peu, le célébrant et moi... il n'avait pas la bonne feuille de préparation c'était celle de demain, pour l'accueil du nouveau curé...
A part ça tout s'est très bien passé ! Mais quand même pourquoi y a des jours, comme ça, où on se ramasse toutes les crasses en même temps ?

O Seigneur, pardon, tu t'y retrouves là-dedans ? !... Parce que c'était quand même d'abord pour Toi et pour célébrer ensemble Ta Pâque. Mais je parie qu'il n'y a que Toi et moi qui nous sommes aperçus de ces cafouillages ! ;-)


mardi 11 septembre 2012

Roulez dans le bonheur

Ils se démènent dur les paroissiens du petit relais de Longèves pour faire vivre leur église, pour lutter contre l'hémorragie vers la ville voisine qui a déjà détourné  écoliers et travailleurs.
Et parmi leurs actions il y a la fête de la Saint Christophe,  parce que l'église du village est sous son patronage. Et puisqu'il est également le patron des automobilistes ils ont eu l'idée d'associer à cette fête, après la messe, une bénédiction des voitures et aussi des vélos, et des motos, et des quads cette année...
Timide la première année ce rite a pris de l'assurance et de l'ampleur. Dimanche pour sa 5e édition la fête était vraiment réussie.

J'avoue faire partie des timides et m'être lancée dans l'aventure un peu par devoir. Mais en 5 ans j'ai eu le temps de regarder les choses un peu autrement.

La messe... c'était la messe... mais avec ce fil rouge de l'attention à l'autre, de la fraternité, cette analogie entre la conduite d'un véhicule et la conduite de sa vie, et des prières de circonstance.

Une demande de pardon qui n'avait rien à envier à celles des autres messes :
♦ pardon pour nos manques de courtoisie, de correction et de prudence au volant,
♦ pardon pour toutes les fois où l’automobile a été pour nous un moyen d’exprimer le pouvoir et la domination au lieu d’être source de partage et de solidarité,
♦ pardon pour notre inconscience face aux dangers de la route et pour notre manque de respect envers notre prochain.

L'homélie était toute tournée vers l'accueil, l'attention à l'autre, la simple civilité, que nous soyons conducteur ou piéton.

Au memento des défunts l'assemblée était invitée à se souvenir de tous ceux qui nous ont quittés, victimes d'accidents de la route. J'avais juste en face de moi ce papa qui a perdu un fils de 19 ans dans un accident de voiture, ce jeune que j'ai  bien connu...

Et pour terminer, la prière de l'automobiliste et la prière des mototouristes de Porcaro, haut lieu de pèlerinage des motards.

Après la messe c'était la procession des engins pour la bénédiction. Bénédiction de l'engin ou bénédiction du conducteur ? Ou les deux ?... Et pour chacun un mot bienveillant accompagnait le coup de goupillon :
- Que le Seigneur vous bénisse, qu'il vous donne sa paix, sa lumière, et qu'il vous conduise jusqu'à Lui
- Que Dieu soit toujours avec vous, que vous puissiez rouler dans la paix du Christ, que le Seigneur vous bénisse et vous garde.

Et il n'en avait jamais tant béni de ces engins roulants le curé !

Et si être chrétien c'était aussi là, à son volant, à son guidon ? Alors on peut bien en faire une raison de prier, non ?...

lundi 3 septembre 2012

Au revoir M'sieur le curé... merci

C'était la foule des grands jours hier pour l'au revoir et la dernière messe avec nous de notre curé. Au revoir aussi à un autre prêtre et à l'animatrice de l'aumônerie de l'enseignement public.

Ca fait 5 ans qu'il est avec nous le curé. Cinq ans, ce n'est pas très long, et pourtant que de liens tissés avec les uns et les autres, que d'initiatives... De la richesse qu'ils nous laissent l'un et l'autre je ne retiendrai que deux signes, particulièrement visible au cours de cette messe : la présence du Pasteur de l'Eglise réformée et les servants d'autel. Bon c'est un choix... on ne peut pas tout citer...

Le curé avait donc invité le pasteur. Symbole visible des liens tissés et du chemin d'ouverture voulu par le curé, et en particulier le chemin de l’œcuménisme. Invité non seulement à être là, mais aussi invité à prendre la parole le pasteur est intervenu après avoir lu l'extrait de la lettre de St Jacques prévu pour ce dimanche. D'abord avec humour il a soupçonné le curé de lui avoir volontairement confié la lecture de CE passage de la liturgie. Car en 1519 Luther condamnait la lettre de St Jacques en ces termes : "La lettre de Jacques est, par comparaison avec ces livres (les écrits de St Paul), une véritable épître de paille car elle n'a aucun caractère évangélique".
Il a aussi rappelé la première rencontre des deux hommes d'Eglise. Notre amitié, se plaît-il à dire, est née d'une non rencontre ! Entendons pas là que le pasteur était absent quand le curé est allé frapper à sa porte. Et étonnement : c'était  la première fois de ma vie de ministre qu'un prêtre venait se présenter spontanément à la maison. De nombreuses fois j’ai fait la démarche inverse, étant habitué comme membre d’une église sœur et minoritaire, de "monter" me présenter, mais là, c’est l’inverse qui venait de se produire et qui augurait d’une relation originale. Les premières impressions n'ont pas été contredites. Par la suite l'un et l'autre se sont employés à poursuivre le rapprochement des communautés catholique et protestante tant par la prière que par des actions communes, genre café-théo, vœux à la population en janvier, rencontres inter-religieuses...

Autre signe fort d’œcuménisme au cours de cette messe : après le Notre Père le pasteur a été invité à dire avec le prêtre la prière pour la paix, qui est aussi prière pour l'unité :
Seigneur Jésus Christ, tu as dit à tes Apôtres : "Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix" : ne regarde pas nos péchés mais la foi de ton Église ; pour que ta volonté s’accomplisse, donne-lui toujours cette paix, et conduis-la vers l'unité parfaite, toi qui règnes pour les siècles des siècles.

Deuxième signe que je retiens de cet au revoir : les servants d'autel. L'équipe presque au complet ce matin.
Bon nombre d'entre eux arrivent tout juste du pèlerinage national des servants d'autel à Rome. Avec encore plein d'étoiles dans les yeux, et un zeste de fatigue, tout à leur joie de ces 5 jours intensifs de visites, prière, rencontres... en particulier celle de mercredi avec Benoît XVI, rien que pour eux, et qui les a encouragés dans leur service. Un blog, spécial pélé, a été ouvert pour les suivre : messages, photos, vidéos... Ca vaut le détour d'aller le visiter...

Merci au curé pour ces 5 années avec lui, et bonne route dans sa nouvelle mission à l'autre bout du diocèse !

PS - Le texte des différentes interventions de remerciement est sur le site de la paroisse St Hilaire de Fontenay.


lundi 20 août 2012

Une expérience à durer

Au seuil des semaines estivales la plupart des bonnes revues cathos n'ont pas manqué l'épisode Retraite. Chacune y est allée de son article, certaines en ont même fait un numéro spécial.

Profiter des vacances, du temps devenu disponible pour prendre quelques jours de retrait. Diversité des propositions, diversité des motivations : avant de prendre une décision importante... au terme d'une année faire le point et repartir... recharger les batteries... ou tout simplement quelques jours de silence et de prière dans un monastère, seul, en couple, en famille... Tout cela a été très bien décrit et appuyé de témoignages enthousiastes.

Comme chaque année je me suis livrée, moi aussi, à cet exercice de la retraite, et j'en arrive.
Une semaine, à l'orée de la Bretagne, dans un cadre magnifique de verdure et de silence, ça aide bien.
Sans rien retirer aux témoignages cités ci-dessus, pour moi la retraite c'est parfois un moment ardu, aride. Une expérience à vivre dans la durée. Une expérience à durer...

Durer dans le silence... Un silence rare, dense et profond. Pas un gazouillement d'oiseau, pas le moindre bourdonnement d'une mouche, pas même le vent dans les feuillages. Silence impressionnant... silence assourdissant... (oui, je sais, je pique l'expression à quelqu'un, mais je ne sais plus qui...)
Bois et lande de La Roche du Theil (Redon, Ille et Vilaine)

Durer sous le ciel gris, maussade et moutonnant, toujours prêt à lâcher un crachin. Car j'ai appris qu'en Bretagne il fait beau simplement quand il ne pleut pas... Ce ciel chagrin qui me donne le blues, surtout en ces jours d'été où on devrait plutôt avoir rendez-vous avec le soleil...

Durer dans la prière aride... même si le prédicateur a été excellent juste avant. Il n'y est pour rien. Il n'y a pas forcément de rapport. Être là, tout simplement... Durer...

Durer dans la contemplation de la nature, sa grandeur, sa beauté, son immensité... laisser venir l'angoisse engendrée par l'infiniment grand, l'éternité, la vie, la mort...

Et, cerise sur le gâteau cette année, durer dans la souffrance d'une crise d'arthrose qui s’incruste comme une mal élevée dans un scénario où elle n'était pas invitée. Être soudain contrainte à se limiter aux seuls déplacements impératifs... ça change vraiment la donne et le cours des choses ! Alors que la forêt ouvre grand ses allées et invite à de belles escapades. 

Durer dans le temps qui soudain prend son temps. Hier fébrile, aujourd'hui léthargique, il s'étire et se traîne mollement du levant au couchant du soleil...

Durer dans le "jeûne" d'internet et ses réseaux... Perdre le fil de la toile, ne plus savoir ce qui s'y passe, ce que font les "amis"... ne plus suivre les billets de mes blogs préférés... Être larguée quelques jours, ce n'est pas mortel... Une autre forme de silence.

Durer... durer en tout cela et finir par LE rencontrer, car c'est bien de cela qu'il s'agit...

mardi 7 août 2012

Plaisirs de Paris en août

Paris l'été, en août surtout, c'est désert. Bon, c'est un lieu commun et ce sont surtout les parisiens qui le disent. Un peu vrai si on entend par là qu'il y a moins de monde, des métros moins bondés, qu'il y a surtout des étrangers et que c'est légèrement moins speed. Donc on devrait être contents, non ?

Oui, mais voilà, c'est aussi en août que la RATP, les travaux publics, les magasins, les municipalités... en profitent pour faire des travaux, remettre en état, et c'est vrai que souvent ce n'est pas du luxe. Raisonnement logique : ça dérange moins puisqu'il y a moins de monde et surtout moins de travailleurs. Les touristes, par définition ils ont le temps puisqu'ils sont en vacances... Donc remises en état pour le bonheur de ceux qui sont partis en août... pour la galère de ceux qui sont encore là...

Et voilà, j'ai la malchance d'y être juste à ce moment-là et d'en goûter les plaisirs.

D'abord il m'a fallu deux heures au lieu d'une pour me rendre à Paris, parce que la RATP refait les quais du RER. Ensuite ce sont les stations fermées, les horaires fantaisistes voire même plus d'horaire du tout, les itinéraires bis, voies fermées, déviations mal foutues et mal signalées, navettes qui se font attendre...

Alors bien sûr on râle, et pas que moi !

Pourtant je le répète, je le reconnais : c'est né-ces-saire ! Mais c'est un peu comme les autoroutes et les vocations : il le faut, il en faut, et c'est bien surtout quand ça passe sur le terrain du voisin.

Passé le gymkhana du déplacement, Paris en août ça reste les incontournables Tour Eiffel, Notre-Dame, Arc de Triomphe, Louvre... pris d'assaut par Chinois et Japonais.
Quelques balades insolites, genre Canal St Martin et une péniche qui le descend, d'écluses en ponts tournants...
Lèche-vitrine dans les magasins en travaux eux-aussi...
Enlèvement en fourrière d'une voiture mal garée  ;-(
Et puis il y avait aussi l'opération "Des pianos dans Paris", qui a dû être prolongée puisque j'en ai vu... Leur vidéo est bien sûr meilleure que la mienne... alors je laisse la leur...


Et puis pour le retour c'est l'inévitable même épopée RERienne. Mais cette fois je me calme en pensant à ceux qui travaillent en août, parce qu'il y en a, et qui chaque jour, matin et soir, s'offrent cette galère des transports en commun.

Réjouissons-nous, dans quelques semaines, finis les travaux, on retrouvera les plaisirs habituels : cohue, course, fébrilité, énervement...




 Le long du canal Saint Martin, d'écluses en ponts tournants





















samedi 28 juillet 2012

Emmaüs en héritage

A l'occasion du centenaire de la naissance de l'abbé Pierre, du 5e anniversaire de son décès et des 20 ans de la Fondation Abbé PierreLe Jour du Seigneur propose une série d'émissions en hommage à cet homme qui a tant marqué le siècle qu'il a traversé.

L'Abbé Pierre, me fait d'abord penser  Hiver 54... et  Emmaüs... Aussi ai-je rencontré Michèle, bénévole à la communauté Emmaüs à St Michel le Cloucq (Vendée). Elle m'a raconté Emmaüs aujourd'hui...

Emmaüs ça évoque bric-à-brac, pauvreté, exclusion... mais aussi fraternité, solidarité.... récupération, recyclage...

On peut dire que le mouvement Emmaüs germe en 1949 de la rencontre de deux hommes : Henri Grouès hanté par la misère de l'époque, les logements-taudis, les gens à la rue, les enfants affamés et transis de froid et Georges, bagnard, perdu, désespéré, voulant se suicider. Face à ce profond désarroi celui qui se fera appeler abbé Pierre, lui dit : j'ai besoin de toi, j'ai besoin de tes bras, de ton énergie. Viens d'abord m'aider.

C'est en devenant sauveur des autres que l'on se sauve soi-même.(1)

Michèle est venue à Emmaüs à la faveur de rencontres et d'événements et parce qu'elle voulait s'engager auprès des plus pauvres. L'objectif de servir avant soi qui est moins heureux que soi (1)  lui convenait particulièrement et c'est cela qui l'a attirée de préférence à d'autres associations caritatives où "tu es toujours du bon côté de la barrière", comme elle dit. A Emmaüs on est tous au même niveau que le compagnon. Quand on travaille ensemble on est à égalité. Chacun travaille comme il peut, avec ses moyens. Le but est de reconstruire la personne socialement, affectivement, remettre debout en faisant participer. On n'est pas dans l'assistanat. On accueille des gens blessés, en rupture de travail, de famille, des personnes dépendantes de la drogue, de l'alcool, des médicaments, qui ont le sentiment de n'être plus rien pour la société. A Emmaüs les bénévoles, qui s'appellent "amis", ont pour rôle de travailler avec les compagnons pour créer la relation humaine qui va leur apporter une bouffée d'oxygène et les aider à se reconstruire. Il faut du temps, c'est long, c'est éprouvant... respect de l'autre et de son cheminement...

Paradoxe : bien que créé par un prêtre, Emmaüs se veut entièrement laïque et le revendique dans son statut.  Emmaüs est le nom d'une localité de Palestine où des désespérés retrouvèrent l'espérance. Ce nom évoque pour tous, croyants ou non croyants, notre commune conviction que seul l'amour peut nous lier et nous faire avancer ensemble.(1)

A Emmaüs la vie s'organise en communauté, entre compagnons. On y vient pour le temps qu'on veut mais on respecte l'esprit communautaire. Les communautés, aujourd'hui, sont marquées par un changement de physionomie lié à l'évolution de la société. A l'origine uniquement masculines elles se féminisent, elles accueillent des couples, parfois avec des enfants, et aussi de très jeunes personnes. C'est nouveau et anormal que des jeunes de 20 ans se trouvent là. A peine sortis de l'adolescence, sans formation, avec déjà parfois une addiction importante, ils ont plus de difficulté à communiquer avec des personnes plus âgées. Autant de situations nouvelles à prendre en compte parce que c'est le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui.

Le premier moyen d'action d'Emmaüs est la récupération et la remise en état, autant que faire se peut, pour "redonner valeur" aux objets et les revendre. Cette remise en valeur des objets par le travail, par la mise en œuvre des capacités et des dons des compagnons leur redonne confiance et dignité.


A Emmaüs Michèle, institutrice à la retraite, tient le standard, un matin par semaine ; elle donne des cours de français à des sans papiers (Africains ou de pays de l'Est). Son bonheur : certains ont pu faire leurs dossiers de régularisation et obtenir leurs papiers, d'autres sont en passe de quitter la communauté, et donc de vivre de leurs propres ailes. 

Soixante ans après l’œuvre de l'abbé Pierre demeure, hélas toujours d'actualité, avec un fonctionnement, comme à l'origine, totalement à l'inverse de ce que nous montre la société. Le mouvement Emmaüs,  né en 1949 s'est développé et structuré avec la Fondation Abbé Pierre pour le logement des Défavorisés, crée en 1988 et reconnue d’utilité publique en 1992, l'Association Emmaüs et plus récemment Emmaüs International et Emmaüs France.

Et chacun à sa mesure, même sans être engagé auprès d'une communauté, peut apporter sa pierre à l'ouvrage : un simple achat, aussi modeste soit-il, dans le magasin d'une communauté est un véritable acte solidaire. L'argent recueilli permettra aux compagnons de vivre dignement, et cela donne aussi une seconde vie aux objets. On peut aussi apporter aux communautés Emmaüs les objets, les vêtements dont on n'a plus l'usage... Invitation à regarder autrement nos armoires et greniers encombrés. En fait, ce n'est pas difficile d'entrer dans la ronde de la solidarité...

(1)  Manifeste universel du mouvement Emmaüs


Voir aussi :
L'abbé Pierre Père Fondateur, sur le site Le Jour du Seigneur
- et l'émission spéciale du 5 août 2012 sur France 2

Vivre l'été avec l'abbé Pierre ! (Le Jour du Seigneur)

dimanche 22 juillet 2012

Responsabilité et charisme

Tel était donc l'intitulé de la session à laquelle je m'étais courageusement inscrite il y a 4 mois. Nous étions 26 à avoir osé tenter cette aventure la semaine dernière. Car ce fut bien une aventure, comme je le pressentais, exigeante mais riche.

Les intervenantes, deux religieuses canadiennes de l'Institut de Formation Humaine Intégrale de Montréal (IFHIM).
Le sujet... c'est le titre de ce billet.
Le sous-sujet : comment vivre mes responsabilités en étant pleinement humaine et enracinée dans mon charisme.
Les participantes : 26 Sœurs, ayant une responsabilité dans la Congrégation, la plupart responsables de communauté.
La durée de la session : 5 jours bien pleins.

Jusque là tout va plutôt bien.

La méthode... ah là ça commence à dépayser. Dès la première matinée, première déstabilisation : pas de plan annoncé, pas de plan suivi (me semble-t-il), cadre horaire minima. On fait une remontée de travail de groupe, sans savoir de combien de temps on dispose. Déjà ça me dérange. Qui veut encore s'exprimer ?...  Bon, combien de temps ça va durer ? Il faut que tout le monde y passe ou c'est seulement si tu veux ?... Mon cartésianisme en prend un sale coup. Pourtant va falloir s'y faire si c'est sa méthode pas de méthode !

Au-delà de ce constat déstabilisant le but de la démarche, bien rodée quand même,  était de conduire chacune vers elle-même pour mieux aller vers les autres. Comprends-toi toi-même pour comprendre les autres. Va vers toi-même pour mieux aller vers les autres ensuite. Pousse la porte oubliée...  Se connaître, marcher vers soi, pour finir par s'ouvrir à la multitude... Notre Dieu est communion. Il nous ouvre à la communion.

Prendre conscience de mes façons de faire, de mes réactions, de mes motivations, de mes blocages... Donc gros travail sur soi. C'est pas évident, comme on dit. Faut se jeter à l'eau...

Prendre en soin les personnes qui me sont confiées, cela commence par ME prendre en soin. Clarifier mon fonctionnement perso, les incompréhensions, apprendre à dire non... Chercher le comment  qui amène à prendre des décisions plutôt que le pourquoi  qui entraîne à des explications sans fin. Marie a dit à l'ange : "Comment  cela se fera-t-il ?"

Même le temps de détente du premier soir a été minutieusement revu. C'est pas croyable tout ce qu'on peut découvrir dans une simple soirée danses folkloriques !

Dès le début Claire Hamel (l'intervenante principale) a parlé du charisme de la Congrégation. Au fil de nos partages et récits elle nous l'a fait reconnaître et nommer. Comme ça, sans en avoir l'air, au détour d'une action, d'une parole. Tiens, oui, là je n'avais pas fait le lien, mais oui, ça nous caractérise... Un charisme actif et incarné, aujourd'hui encore.

Un charisme enrichi des charismes des Congrégations accueillies par fusion. Une histoire qui s'écrit et s'enrichit de l'histoire des unes et des autres. Des fondateurs qui ont tous en commun d'avoir été relayés par des femmes dans la réalisation de leur projet d’Église. Des femmes au rôle effacé, mais efficaces. Des femmes dont on ne sait rien, dont on n'a presque rien dit. Des femmes qui ont été sollicitées et qui ont répondu à un appel. Chacune a quelque chose à nous dire aujourd'hui encore.

Pas facile de parler de ce genre d'expérience qui s'inscrit au plus profond de chacune. Mais, vécue ensemble, elle a créé et soudé le groupe. Chacune a joué la carte de l'aventure dans la confiance et personne ne l'a regretté. Je ne m'étais pas trompée en acceptant de faire cette session : refuser eût été rater quelque chose. Le chemin de la tête au cœur est possible... il faut s'en donner les moyens. Le chemin est ouvert, il reste à le poursuivre. 

Le jour où l’Éternel m'appellera, 
aurai-je l'impression d'avoir vécu ma vie, celle qui vivait au fond de moi,
ou aurai-je l’impression d'avoir vécu celle qui m'a été dictée par les autres,
ou celle que j'ai vécue pour plaire aux autres ?
Notre vie reflètera-t-elle notre profondeur ?