samedi 30 mars 2013

Un Calvaire à deux croix

Hier matin quand je suis arrivée à l'oratoire de la communauté, Laetitia avait installé cette peinture sur un chevalet, bien en vue.



Un calvaire, c'était tout à fait le jour, vendredi saint. Il a soutenu ma prière tout en m'interrogeant quelque peu sur le nombre de croix, mais sans vraiment m'y arrêter. Elle me plaisait bien cette photo dans son style. Je remarquais une zone d'ombre à droite et déjà toute la lumière sur le corps de Jésus crucifié. Au pied de la croix, Marie à genoux et près d'elle le disciple que Jésus aimait. Le soldat avec la tunique de Jésus, celui à qui elle est revenue après tirage au sort ? (Jean 19, 24). Contemplation de la scène un peu en retrait de celle-ci.

Puis nous avons prié les Laudes ensemble, et à la fin de l'intercession, au moment des intentions libres, Laetitia a pris la parole.

Avec cette image je prie pour Lucien. A la prison où je faisais des visites on lui avait demandé de peindre le récit de la crucifixion. Lucien n'était pas croyant, mais il avait des talents d'aquarelliste. Il a lu le texte et il a dessiné comment cela résonnait en lui. Alors je lui ai dit : 
- mais tu as vu, tu n'as dessiné que deux croix... dans le texte il y en a trois...
- oui... mais la troisième c'est moi qui la porte...

Lucien a beaucoup souffert d'incompréhension, d'accusations fausses, de rejet, même après avoir purgé une peine non méritée. A sa sortie de prison il s'est un peu reconstruit grâce à des appels à ses capacités d'artiste, de bricoleur, d'électricien. Il ne semble pas qu'il se soit converti... et pourtant il a tout compris du mystère de la croix. Prions pour qu'il lui soit donné d'aller jusqu'au mystère de la Résurrection.

Je pensais encore à Lucien hier soir dans la grande intercession du Vendredi Saint :

Dieu éternel et tout-puissant, 
toi qui as créé les hommes pour qu'ils te cherchent de tout leur cœur 
et que leur cœur s'apaise en te trouvant,
fais qu'au milieu des difficultés de ce monde tous puissent discerner les signes de ta bonté 
et rencontrer des témoins de ton amour : 
qu'ils aient le bonheur de te reconnaître, toi, le seul vrai Dieu et le Père de tous les hommes.



vendredi 29 mars 2013

Nuit d'adoration

Détail bas-relief - Abbaye ND des Neiges
Va-t-on parler d'habitude, de coutume, de tradition... un de ces mots pour désigner une action qui se produit et se transmet régulièrement depuis un certain temps ?

C'était il y a 4 ans, à l’initiative du groupe qui avait lancé l'adoration eucharistique mensuelle. Chaque mardi soir, de 20 h à 21 h, un temps d'adoration pour les volontaires. Ils ont eu l'audace de proposer toute une nuit d'adoration après la célébration de la Cène, le Jeudi Saint. Un peu d'organisation et de stress pour assurer un minimum de présence tout au long de la nuit, surtout au creux de la nuit. Et ça a marché. Et ça marche ainsi depuis 4 ans. Donc la nuit dernière c'était la 5ème édition de la nuit d'adoration.

Et pourquoi toute une nuit d'adoration ? Et pourquoi ce jour-là ? L'évangile nous dit qu'après le dernier repas avec ses disciples, après l'annonce du reniement de Judas et de Pierre, après l'annonce de l'abandon des disciples (tout va mal)  Jésus va prier au Jardin de Gethsémani. Ses disciples le suivent. Il les arrête : restez ici, veillez avec moi, priez. Et lui-même va plus loin prier. On sait que leur veille n'aura pas été glorieuse, ils ne pouvaient garder les yeux ouverts (Mt 26, 43).

Aujourd'hui, ce temps de prière au cœur de la nuit, entre Cène et crucifiement, pour nous unir, en sa présence, à la prière de Jésus au Jardin des Oliviers. Temps gratuit où l'on se retrouve face à soi-même et face à son Dieu. Toute la nuit des veilleurs se sont relayés, même au plus profond de la nuit. Et pas que des personnes d'un certain âge, mais de toutes générations. Au petit jour ils sont encore nombreux pour la dernière heure. Un papa et sa fille avant d'aller au bureau ou au lycée. Maman est restée à la maison avec les plus petits, mais elle est venue au cœur de la nuit, aux heures les plus difficiles. Et ceux-là n'étaient pas là que pour eux mais ils étaient l’Église qui veille et prie avec son Sauveur.

A ceux-là, Seigneur, tu ne peux pas dire : "Vous n'avez pas été capables de veiller avec moi même une heure ?" (Mt 26, 40).

mercredi 27 mars 2013

Serait-ce moi, Seigneur ?

Église Notre-Dame - Fontenay-le-Comte

Ils étaient tous à table, Jésus et ses 12 amis pour la Pâque, selon la tradition juive.

Soudain, au cours du repas, sans qu'on s'y attende, les paroles de Jésus : l'un de vous va me livrer.* La petite phrase sibylline qui semble tomber comme un cheveu sur la soupe, qui sème le doute, la peur, la honte dans l'esprit des apôtres, qui les attriste profondément (dit aussi l'évangile).

Qu'a-t-il pu se passer en chacun d'eux ? Gorge serrée, stress et peur au ventre, le cœur qui bat la chamade. Livrer le Maître ? Le trahir ? Comment cela serait-il possible ? Et pourtant la question se pose, taraude, le doute s'insinue en chacun. Et quand même si c'était moi ? Et pour en avoir le cœur net l'un après l'autre s'enhardit à poser la question : Serait-ce moi, Seigneur ? Ainsi formulée la question (me) paraît quelque peu timide. J'aime beaucoup la traduction de Ze Bible, tellement le reflet de ce que chacun devait penser, énergique et défensive : Ce n'est pas moi, n'est-ce pas, Seigneur ? Ben non, enfin, c'est pas possible que ce soit moi qui te trahisse. Après tout ce qu'on a vécu ensemble, nos bons moments et nos accrochages, notre amitié est bâtie sur le roc, rien ne peut la briser, elle est fidèle à tout jamais.

Aujourd'hui j'ai juste envie de m'arrêter à cette question des apôtres, à leur certitude ébranlée qui nous renvoie au plus profond de nous mêmes. Je ne sais pas de quoi je suis capable. Ma faiblesse ira-t-elle jusqu'à te renier ? Serait-ce moi, Seigneur ? ou la fragilité de l'engagement de l'homme.

* De la liturgie du mercredi saint, Mt 26, 14-25


samedi 23 mars 2013

La légende de l'arbre vert



C'est le printemps, et on en sent le premiers signes. Un ou deux oiseaux s'essaient à chanter le matin quand j'ouvre mes fenêtres, les pâquerettes lèvent le nez dans le pelouse encore ébouriffée après l'hiver, les arbres bourgeonnent, plus ou moins selon leur espèce.

La grande place de la ville est plantée de magnifiques marronniers d'un autre siècle. De jour en jour on les voit changer, les bourgeons d'abord timides gonflent et éclatent pour laisser surgir les feuilles fripées, vert tendre.

Mais l'un de ces marronniers est une énigme. Pourquoi, tous les ans à cette époque, est-il toujours en avance sur ses voisins ? Et lui seul, toujours lui, pas un seul autre ne déroge au cycle de floraison. Invariablement il bourgeonne avant les autres, il se pare de feuilles avant les autres, un peu insolent.

L'histoire raconte que pendant la Révolution la guillotine se trouvait à ses pieds (ou à proximité) et que le sang des nombreux condamnés à mort de 1793 l'a arrosé. La légende dit que la floraison précoce du marronnier est due au sang des guillotinés.

Évidemment chacun croit ce qu'il veut. Mais une légende a toujours un certain charme, et elle n'est qu'une légende. Elle laisse la porte ouverte à d'autres rêves en attendant que la science ne trouve LA solution de cette énigme. Messieurs les scientifiques, la balle est dans votre camp, mais je ne suis pas pressée d'avoir votre réponse. J'aime ce temps d'avance du marronnier, comme pour entraîner ses frères et leur donner confiance dans la nouvelle aventure qui commence. A quelques jours de Pâques cette image me fait penser à la résurrection. Christ premier-né, Christ ressuscité qui nous entraîne dans la Vie nouvelle.

dimanche 17 mars 2013

Je ne te condamne pas


Faudrait savoir : ils commencent par lui amener la femme prise en flagrant délit*, qu'ils accusent, et quand Jésus leur rétorque "et bien si vous êtes meilleurs allez-y,  jetez lui la pierre" ils se dégonflent et repartent tout penauds.

©Carpe Deum
La loi, du temps de Jésus, condamne l'adultère à la lapidation. Mais Jésus semble faire le sourd., il ne dit rien par rapport à l'accusation elle-même. Il dessine sur le sol. Plutôt limite comme politesse, provocation. Et les scribes et pharisiens d'insister : non mais quand même il y a une sanction pour ça, alors tu en dis quoi , toi ? Jésus ne répond toujours pas à la question mais renvoie chacun à sa conscience, il ne condamne pas la femme : "Je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus".

En même temps que Jésus pardonne la femme et la renvoie à sa vie il ne l'enferme pas dans sa faute, mais lui ouvre un avenir, faisant comme un écho à la parole de St Paul aux Philippiens (8, 13) : "oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l'avant".

Qui es-tu donc pour juger ton frère ? Il ne s'agit évidemment pas de dire que tout est bien, il faut distinguer le bon du mauvais, mais il s'agit de ne pas juger la personne. Difficile exercice de condamner l'acte sans jamais condamner la personne qui le pose. Ainsi en est-il de tout comportement moral.

L'amour efface le passé, aucun n'osa jeter la pierre,
et tous les yeux se sont baissés.
L'amour efface le passé 
[…] il nous redonne une autre chance
il nous invite à pardonner, 
l'amour efface le passé.
(Paroles de M. Ginot, sur une musique de J. Akepsimas)

jeudi 14 mars 2013

Habemus Papam Franciscum

Quand on s'en remet à l'Esprit-Saint c'est toujours surprise garantie. Une fois encore il a confirmé sa réputation de souffler où et comme il veut. Jorge Mario Bergoglio... qui c'est ça ? C'est celui que les cardinaux réunis en conclave viennent d'élire Pape. Après le célèbre Habemus Papam prononcé par le cardinal Tauran on attend avec impatience de voir le visage de cet inconnu, même pas évoqué parmi les papabili.

Quand il est apparu à la loggia, j'ai vu d'abord un homme abattu, figé, qui paraissait écrasé par le poids de la charge soudaine. Puis au fur et à mesure des applaudissements qui montaient de la place St Pierre un sourire a progressivement illuminé son visage. Ses premiers mots ont été ce qu'il y a de plus simple "Bonsoir" suivi d'une note d'humour "... il semble que mes frères cardinaux sont allés chercher le pape au bout du monde".

François* est le nom qu'il a choisi. A lui seul ce nom donne le ton, évoquant le poverello d'Assise, simplicité, pauvreté, humilité. Humilité, on le voit déjà dans son attitude. Il commence par demander à la foule de se recueillir quelques secondes dans le silence et dans une très belle attitude, spontanément lui-même s'incline pour se recueillir. Et les dizaines de milliers de pèlerins de la place St Pierre font silence. Puis il demande de prier avec lui, tout simplement avec les mots de toujours que le Christ nous a laissés... Notre Père qui es au cieux... Humilité quand il demande la bénédiction de Dieu pour lui-même avant de la donner au monde. Sa première bénédiction urbi et orbi.

Ses derniers mots seront à l'image et en réponse aux premiers. D'un geste il redemande le micro déjà rangé pour dire aussi simplement : "bonne nuit... à bientôt".

Ce matin dans notre prière de communauté, prière d’Église et prière pour l’Église, nous avons pris cette belle hymne pour un pasteur, bien de circonstance :

Unique Berger, ô Jésus, ta main se pose sur l'épaule de cet homme :
par lui tu mènes ton troupeau :
ce berger, à ton image, tu le façonnes.

Sans cesse ta main l'affermit pour qu'il chemine dans la force et la patience ;
et lui s'efface devant toi :
pur reflet, parmi ses frères, de ta présence.

L'Eglise de toi l'a reçu, il passe en tête, pour marcher vers les montagnes :
vers Toi, la Tête, ô Jésus, il oriente tout le peuple qui l'accompagne.

Vers toi il aimante l'amour de ceux qui l'aiment, et lui-même à toi se donne ;
tu le consacres dans l'Esprit, et déjà, de ta lumière tu l'environnes.


* François, et non pas François 1er comme on l'a dit au début. On ne dira François 1er que quand il y aura un second François. Pour l'instant pas de confusion possible puisqu'il est le seul Pape avoir pris ce nom.

mardi 12 mars 2013

Twitter, 115 cardinaux et un conclave

Se risquer à écrire quelque chose sur le conclave maintenant relève de la témérité ou de l'inconscience. Tout a été dit, écrit, filmé, que pourrais-je ajouter ? Beaucoup de très bons articles, des approches diverses, des sujets complémentaires, une grande richesse. Je ne me souviens pas d'une telle effervescence abondance pour l'élection du précédent pape.

J'ai suivi tout ça avec une certaine attention et en particulier sur Twitter, et aujourd'hui d'un peu plus près encore évidemment.
Ce matin avant la messe, plusieurs cardinaux ont envoyé leur dernier tweet (last tweet before Conclave) en remerciant leurs followers (abonnés) de leur être unis pendant ces jours et de prier pour le conclave et pour l’Église. Dernier message de cardinaux à leurs Églises.

Dans l'après midi grâce à quelques journalistes on a pu suivre le déroulement de l'entrée en conclave, la procession, le Veni Creator, la prestation de serment, agrémentés parfois de quelques photos, des remarques sur l'ambiance. A travers ce défilé de tweets on entrait dans un événement vécu en direct et à travers le monde. Twitter permettait des réactions et une certaine communion que n'autorisent pas la radio ou la télévision. L'émotion des cardinaux, la gravité du moment étaient perceptibles.

Et puis ce fut le "Extra omnes", tout le monde dehors. Donc les voilà bouclés, enfermés dans la Sixtine jusqu'à ce qu'il en sorte un pape. Confisqués les téléphones, smartphones, tablettes et autres outils du web 2.0. Bannie toute communication avec l'extérieur et donc exit Twitter. Parce que parmi les cardinaux, on l'a vu, il y en a plusieurs qui twittent honorablement. Et ça c'est nouveau par rapport au conclave de 2005 où Twitter n'était pas encore né. Les voilà sous clé, ce que signifie conclave d'ailleurs. Seuls avec leur conscience devant Dieu. Dans l'après midi ils ont prêté serment de conserver le secret et de voter librement. Avant de voter ils s'engagent à voter en conscience et enfin au moment de déposer leur bulletin dans l'urne ils disent une dernière prière, qui d'ailleurs pourrait être reprise pour toute élection : "Je prends à témoin le Christ Seigneur, qui me jugera, que je donne ma voix à celui que, selon Dieu, je juge le plus apte pour remplir cette charge."

Le conclave est le temps du secret, du silence, de la prière, pour une décision prise en conscience et devant Dieu. Et Twitter (que j'aime beaucoup) n'y a plus sa place, son rôle c'était avant, ce sera après, mais pas pendant. Place à l'Esprit Saint.


dimanche 10 mars 2013

Ma miséricorde ne se déploiera pas sans toi

Rembrandt - Le retour du fils prodigue
Ce 4e dimanche de Carême nous offre la  parabole du Père et de ses deux fils. Pourquoi ce très beau texte, archi-connu, a-t-il surtout été médité du côté du cadet des fils ? Longtemps appelé Parabole de l'enfant prodigue il était proposé à la méditation dans les célébrations pénitentielles. Et l'examen de conscience tournait autour de : en quoi me suis-je éloigné de mon Père ? Comment ai-je dilapidé ma fortune, entendons les dons reçus ? Quel orgueil m'a poussé à me suffire à moi-même et oublier de qui je tiens la vie ? etc.

Le célèbre tableau de Rembrandt représente aussi le retour du prodigue. Même si, en regardant bien on peut deviner l'autre fils, ce n'est pas sur lui que s'attardent le regard et la méditation suggérée.

Dans nos méditations nous nous assimilons plus souvent au fugueur, au prodigue. Comme dans le récit biblique l'autre fils ne retient pas beaucoup l'attention.

Rien d'éclatant dans sa vie, que de l'ordinaire, de la routine parfois. On en oublie le frère fugueur jusqu'au jour où il revient, penaud et contrit. Accueilli à bras ouverts par son père qui n'attendait que ça, et pour le scandale du grand frère. Alors qu'on pourrait s'attendre à la réconciliation générale, la discorde recommence avec le courroux du frangin. Et il vient tout gâcher. (Serais-tu jaloux parce que je suis bon ? cf. Mt 20, 15). Décidément pauvre papa, tu n'as pas de chance avec tes gars. Il y en a toujours un pour briser ton cœur de père.

Et il est tellement remonté contre son père et son frère à la fois qu'il ne les reconnaît plus comme tels : Ton fils que voilà dit-il en parlant de son frère. Il s'auto exclue du cercle familial qui les unissait tous les trois. Mais le Père le rétablira dans sa réponse : Ton frère que voilà...

Et si des deux frères le plus sale gosse c'était l'aîné ? Celui qui est resté, celui qui n'a jamais désobéi, celui qui a trimé sans compter dans l'entreprise familiale ?... et si c'était moi ?... Parce que moi je vais à la messe tous les dimanches, je prie matin et soir, je fais mon Carême, je donne à la quête et au denier, je visite les malades, j'essaie d'aimer mon voisin... je suis dans les clous quoi...

Avouons que c'est déstabilisant d'entendre (ailleurs) Jésus dire "les publicains et les prostituées vous précéderont dans le royaume des cieux  (Mt 21, 31). Cela ne va pas de soi d'imaginer certaines personnes nous devancer dans ce Royaume promis.

Mais l'histoire n'est pas tout à fait terminée. On sait que c'est happy end pour le cadet, mais pour son frère, comment ça se termine ? On ne sait pas vraiment.... C'est à son tour de s'en aller, mais à quelle conversion sera-t-il appelé... va-t-il y consentir ? comment ? Il y a une chose qu'il n'a pas encore expérimentée c'est l'infinie miséricorde de son Père, capable de l'aimer sans condition, au-delà de toutes frasques.

La parabole n'est pas la parabole du prodigue, ni même celle des deux fils, mais la parabole de la miséricorde du père.

Au fond, ce n'est pas tant la jalousie du premier qui est grave que l'orgueuil du second qui refuse au père de laisser manifester sa miséricorde.Mon enfant, ne fais pas obstacle au rayonnement de ma miséricorde.

Écoutons le Père nous dire aujourd'hui : ma miséricorde ne se déploiera pas sans toi.

dimanche 3 mars 2013

Temps des hommes et temps de Dieu

L'excellente homélie de ce matin (oui, je l'ai trouvée excellente) m'a suggéré ce titre et cette réflexion. Non, non, je ne vous pique rien M'sieur l'curé, c'est juste que j'ai un peu cogité après.

A partir des trois textes que la liturgie nous donne ce dimanche notre attention est attirée sur le temps. Le temps qu'il faut à Moïse pour rencontrer Dieu et comprendre son message. Le temps qu'il lui faudra pour faire sortir son peuple de l'esclavage. Le temps si long pour que le figuier donne du fruit. Et le vigneron d'implorer la patience de son maître : laisse encore un peu de temps, que je bêche autour... peut-être donnera-t-il du fruit ?

On le sait bien, le temps de l'homme n'est pas le temps de Dieu.
D'ailleurs Dieu n'a pas le temps, il a l'éternité, et ce n'est pas pareil.
Cela me rappelle les cours d'un brave dominicain qui venait nous initier à la métaphysique quand nous étions au Noviciat, ses définitions nous ont marquées. Le temps c'est la durée de l'être soumis au mouvement (l'homme) ; l'éternité, la durée de l'être immuable (Dieu). Le temps est limité, l'éternité n'a pas de cadre.

N'est-ce pas ce que nous disons dans les doxologies qui concluent nos prières ?
Elles disent la Trinité : Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit,
et elles disent l'éternité de cette Trinité : au Dieu qui est, qui était et qui vient.

Le temps qui évoque patience, persévérance, recommencement... des vertus qui ne vont pas de soi.
Ce temps, qui passe tantôt trop vite tantôt pas assez vite, parce qu'il nous en faut du temps pour consentir au dessein de Dieu, pour nous convertir. Comme pour le figuier de la parabole, les fruits sont parfois longs à venir, mais la croissance ne se voit pas et ne fait pas de bruit. Donnons du temps au temps comme on dit.

Dieu nous donne le temps pour entrer dans son éternité. Lui qui n'a que l'éternité se moque bien de nos comptes. Il ne calcule pas. Ainsi il n'est jamais trop tard pour Lui, il n'est jamais trop tard pour se mettre en route. Encourageant, non ?