lundi 4 novembre 2013

"Putain de loi sur l'euthanasie !"

Ils discutent du sujet tous les deux, devant moi. Le sujet ? L'euthanasie.
Lui, plutôt d'accord. Peut-être parce que plus directement concerné et confronté à la question. Elle plutôt pas d'accord, un peu moins concernée, pas de la même façon en tout cas.

Ils ne sont pas d'accord et ont du mal à comprendre leurs positions respectives. Et moi au milieu... je crois que je les comprends tous les deux.

Mais moi, en plus j'ai la foi, chrétienne. Et ma foi me dit que Dieu seul est maître de la vie et de la mort, et que l'homme n'a aucun pouvoir dessus. Alors ça me gêne un peu parce que d'emblée nous ne sommes pas sur le même registre. Je ne leur assène pas cette vérité.
Et je n'ai rien à opposer à qui est au bout de la vie, sans plus aucune raison de vivre, sans force, sans goût, sans projet si ce n'est celui de fermer le livre de la vie.

Qui suis-je pour faire la leçon ? Même une leçon de foi. Qu'est-ce que j'ai comme argument à faire valoir en face de cette souffrance devant l'absurde ? Je me sens démunie et tellement partagée entre ma foi et la souffrance qui s'exprime.

"Et cette putain de loi sur l'euthanasie qui n'arrive pas. Elle existe dans d'autres pays, qu'est-ce qu'on attend en France ?"
J'ai du mal à le contrer tellement je comprends l'objection dans ce contexte.

Bien sûr j'ai lu les déclarations contre l'euthanasie, les dernières en particulier, du Cardinal Barbarin, la réflexion de Mgr Brouwet...
Bien sûr je n'ai pas vraiment envie de passer à l'acte et cela soulève des montagnes de questions, et c'est là que je la rejoins, elle, qui n'est pas d'accord.
Mais j'ai du mal à comprendre. Moi non plus je ne me sens aucun droit à forcer quelqu'un à vivre et qui est vraiment au bout. Facile de faire la leçon quand on est en bonne santé, et en forme. Oui, malgré ma foi je comprends cet appel au secours... et je n'ai pas de réponse.

Il faut dire qu'en plus on n'est pas aidés par un corps médical qui s'enferme dans un mutisme méprisant et anxiogène, par des administratifs d'ici et de là séquestrés dans leurs règlements bornés qui les dispensent de chercher à comprendre.

N'oublions pas aussi que le suicide des personnes âgées est plus fréquent qu'on ne veut bien le reconnaître. Encore plus tabou que le suicide des jeunes. Et c'est le taux le plus élevé pour la tranche d'âge concernée. Ça veut bien dire quelque chose, non ? Mais de ça on ne parle pas.

Oui, je sais, on va m'opposer l'accompagnement de fin de vie... alors là il y a de quoi faire !



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