dimanche 10 mars 2013

Ma miséricorde ne se déploiera pas sans toi

Rembrandt - Le retour du fils prodigue
Ce 4e dimanche de Carême nous offre la  parabole du Père et de ses deux fils. Pourquoi ce très beau texte, archi-connu, a-t-il surtout été médité du côté du cadet des fils ? Longtemps appelé Parabole de l'enfant prodigue il était proposé à la méditation dans les célébrations pénitentielles. Et l'examen de conscience tournait autour de : en quoi me suis-je éloigné de mon Père ? Comment ai-je dilapidé ma fortune, entendons les dons reçus ? Quel orgueil m'a poussé à me suffire à moi-même et oublier de qui je tiens la vie ? etc.

Le célèbre tableau de Rembrandt représente aussi le retour du prodigue. Même si, en regardant bien on peut deviner l'autre fils, ce n'est pas sur lui que s'attardent le regard et la méditation suggérée.

Dans nos méditations nous nous assimilons plus souvent au fugueur, au prodigue. Comme dans le récit biblique l'autre fils ne retient pas beaucoup l'attention.

Rien d'éclatant dans sa vie, que de l'ordinaire, de la routine parfois. On en oublie le frère fugueur jusqu'au jour où il revient, penaud et contrit. Accueilli à bras ouverts par son père qui n'attendait que ça, et pour le scandale du grand frère. Alors qu'on pourrait s'attendre à la réconciliation générale, la discorde recommence avec le courroux du frangin. Et il vient tout gâcher. (Serais-tu jaloux parce que je suis bon ? cf. Mt 20, 15). Décidément pauvre papa, tu n'as pas de chance avec tes gars. Il y en a toujours un pour briser ton cœur de père.

Et il est tellement remonté contre son père et son frère à la fois qu'il ne les reconnaît plus comme tels : Ton fils que voilà dit-il en parlant de son frère. Il s'auto exclue du cercle familial qui les unissait tous les trois. Mais le Père le rétablira dans sa réponse : Ton frère que voilà...

Et si des deux frères le plus sale gosse c'était l'aîné ? Celui qui est resté, celui qui n'a jamais désobéi, celui qui a trimé sans compter dans l'entreprise familiale ?... et si c'était moi ?... Parce que moi je vais à la messe tous les dimanches, je prie matin et soir, je fais mon Carême, je donne à la quête et au denier, je visite les malades, j'essaie d'aimer mon voisin... je suis dans les clous quoi...

Avouons que c'est déstabilisant d'entendre (ailleurs) Jésus dire "les publicains et les prostituées vous précéderont dans le royaume des cieux  (Mt 21, 31). Cela ne va pas de soi d'imaginer certaines personnes nous devancer dans ce Royaume promis.

Mais l'histoire n'est pas tout à fait terminée. On sait que c'est happy end pour le cadet, mais pour son frère, comment ça se termine ? On ne sait pas vraiment.... C'est à son tour de s'en aller, mais à quelle conversion sera-t-il appelé... va-t-il y consentir ? comment ? Il y a une chose qu'il n'a pas encore expérimentée c'est l'infinie miséricorde de son Père, capable de l'aimer sans condition, au-delà de toutes frasques.

La parabole n'est pas la parabole du prodigue, ni même celle des deux fils, mais la parabole de la miséricorde du père.

Au fond, ce n'est pas tant la jalousie du premier qui est grave que l'orgueuil du second qui refuse au père de laisser manifester sa miséricorde.Mon enfant, ne fais pas obstacle au rayonnement de ma miséricorde.

Écoutons le Père nous dire aujourd'hui : ma miséricorde ne se déploiera pas sans toi.

2 commentaires:

Corine a dit…

:-)

sœur des Sacrés Coeurs a dit…

un enfant, qui a reçu cette histoire en vérité s'est écrié, à 9ans "ah moi je suis comme lui (le fils aîné) parceque...Il avait vu juste et ce fut le début d'une paix retrouvée en famille, avec la petite soeur. Il a pu comprendre la confiance que sa maman lui faisait.