Dernièrement j'ai passé quelques jours avec une dame âgée et
fatiguée. Chez elle, elle était déjà fatiguée, mais la perspective d'une
escapade de quelques jours ne lui déplaisait pas du tout. Un petit changement
d'air. Même si elle savait (et moi aussi) qu'elle ne sortirait pas beaucoup.
Mais sur place la situation s'est aggravée.
Hospitalisation... Examens de toutes sortes... Inquiétude.. et enfin retour à
la maison, sans changement notoire.
Et me voilà face à la maladie et à l'âge avec son cortège de
misères... J'ai un énorme problème avec la maladie et la vieillesse en général,
et je les fuis. Mais là, j'y étais affrontée de plein fouet, je devais y faire
face, vivre avec. Impuissante, très maladroite, ne sachant quelle attitude
avoir.
Comment comprendre, apprécier le degré de fatigue de l'autre
? Jusqu'où proposer (voire insister) une sortie, une visite, un peu de
nourriture, une gourmandise... à quelqu'un d'anéanti et sans appétit ?
Si
j'insiste un peu (maladroitement, c'est sûr) je la blesse et elle se ferme.
Si
je ne dis rien je me culpabilise de l'abandonner...
Comment trouver l'équilibre ? Ne pas capituler, ne pas se
décourager... Accepter d'être simplement là, laisser passer le temps, sans
s'imposer... Patience… Humilité... Difficile... c'est pas tout à fait le genre
de la maison !
Comment rendre les menus services élémentaires à quelqu'un
qui est habité par la peur de déranger ?
Souffrance de part et d'autre.
Et moi, comment serai-je lorsque je perdrai doucement ma si
chère indépendance ? Comment j'accepterai qu'on m'aide, qu'on me rende service
?...
Quelqu'un ne disait-il pas déjà il y a 2 000 ans à son
fougueux disciple :
"Lorsque tu seras devenu vieuxtu étendras les mainset c'est un autre qui nouera ta ceintureet te conduira là où tu ne voudrais pas aller".(Jean, 21, 18 - Traduction TOB)
Si peu de mots pour dire le profond abandon auquel l'âge
nous conduit.
3 commentaires:
Bon courage.Beau texte et belle photo.LMB
On est là courage! FB
Merci pour ton texte,ta franchise. Démuni, oui, on l'est face à la maladie, à la mort qui approche,à la solitude qui entoure souvent la vieillesse, à la peur de déranger. Mais je suis certaine que ta présence a pu être importante, que de petits gestes parfois allègent le quotidien rendu douloureux par l'âge.
Enregistrer un commentaire