
Voilà, notre chemin s'est arrêté là. Ou plutôt non, il est arrivé à un carrefour et il s'est fondu dans un autre chemin.
Depuis le temps qu'on s'y préparait. Ce chemin, il devenait trop ardu. Nous étions désormais si peu à l'emprunter, plus personne ne nous suivait, et on finissait par s’essouffler.
Alors on a beaucoup réfléchi, prié, discerné... ça a été long, très long... des années... Certains, justement, ne comprenaient pas cette lenteur (oui, certains plus que certaines) : alors vous en êtes où ? ça y est ? c'est pas encore fait ?
Il est des décisions radicales qui ne se prennent pas à la légère, qui se mûrissent longuement dans la réflexion et la prière. Ne pas brusquer, blesser le moins possible. Donner à chacune le temps de faire son chemin, de comprendre, d'accepter...
C'est vrai, il nous a fallu des années, des tâtonnements, des changements de cap.
Au terme de notre discernement communautaire, nous avons dû nous prononcer personnellement sur le choix arrêté par les responsables. Il a fallu à chacune faire un pas décisif pour entrer dans ce dépouillement, cet abandon, ce passage dans tout son sens pascal de mort et résurrection. On sait bien que c'est pour une résurrection, pour
plus de vie, comme nous aimons le dire... mais avant la Résurrection il y a la Passion et la mort.

Nous avons ensuite demandé à une autre Congrégation de nous accueillir, et il lui a fallu à son tour réfléchir, prier, discerner. Pour nous, encore un temps d'attente, d'abandon dans la disponibilité...
Et avec beaucoup de fraternité elles ont accepté de nous accueillir dans leur famille religieuse. Beaucoup de délicatesse dans les écrits et les paroles des responsables pour nous accueillir et nous aider à poursuivre le chemin commencé, le continuer avec elles.
Enfin, depuis le premier juillet, nous avons l'accord de l’Église pour continuer notre vie religieuse dans une autre Congrégation. Concrètement, en termes stricts de droit canonique, cela s'appelle une
fusion, et cela veut dire que notre Congrégation n'existe plus et que nous devenons membres de la Congrégation qui nous accueille. Voilà le passage, la mort, pour une vie autre et ailleurs.
Et maintenant c'est une autre aventure qui s'ouvre à nous, avec d'autres Sœurs pour compagnes, sur la même route, à la suite du Christ, au service de la mission de l’Église.
Je voudrais aussi rendre hommage à ceux qui nous ont accompagnées au long de ces années. Accompagnement humain, spirituel, à la manière du Christ sur la route d'Emmaüs, nous aidant à relire notre histoire pour en tirer toute la richesse et l'offrir à celles qui nous accueilleront... nous faisant entrer dans une attitude spirituelle à la fois d'offrande, d'abandon et d'accueil. Yves, désormais évêque, Jacques, désormais en responsabilité nationale dans l’Église de France, Henri et Marcel proches de nous sur le terrain, Michel le canoniste... pour n'en citer que quelques uns, les plus au coude à coude sur ce chemin. Qu'ils soient assurés de toute notre reconnaissance, et la mienne en particulier.
Ces jours-ci cela sera annoncé officiellement dans le diocèse. Un peu plus tard nous aurons une célébration pour marquer cet événement, notre entrée dans une nouvelle Congrégation. Même si nous ne sommes pas nombreuses, c'est un événement d’Église, un événement qui ne laissera pas non plus indifférente la société, la ville de Fontenay où nous sommes présentes et où nous œuvrons depuis plus de 300 ans auprès des enfants, des jeunes et des malades en particulier.
Un nouveau chemin s'ouvre à nous pour servir nos Églises, et en particulier l’Église de Luçon. Nous confions tout cela à votre prière.